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Analyse économique de la politique

Analyse économique de la politique

Francois Largier

474 pages, parution le 01/01/1991

Résumé

Dans tous les pays, quel que soit leur niveau de developpement, l'Etat joue un role essentiel en matiere economique. Ce phenomene n'est pas nouveau ; il s'est accentue avec le temps ; qu'il suffise de rappeler qu'en 1870 les prelevements publics obligatoires representaient 10% du revenu national francais ; cette proportion est passee a 15 en 1900, 28 en 1935, pour atteindre aujourd'hui les 50%. Cette progression traduit la substitution d'un Etat-Providence a un Etat-Gendarme reduit a ses prerogatives regaliennes.

Le paradoxe, c'est que la theorie economique, si experte dans l'art d'analyser le comportement des differentes categories d'agents, entrepreneurs, consommateurs, syndicats, est restee longtemps etrangement muette sur le comportement des decideurs publics. L'Etat et le secteur public en general, y compris la, Banque centrale, apparaissent comme des entites abstraites, exterieures a l'economie de marche ; on dit dans le jargon des theoriciens, que les instruments de la politique economique sont des variables exogenes. Dans cette perspective, l'Etat-Providence se presente comme un regulateur efficace de toute l?activite economique ; c'est' un pur despote qui peut vouloir et decider pratiquement n'importe quoi ; il est parfaitement informe et pleinement rationnel ; il corrige les erreurs du marche, retablit les equilibres perturbes, porte secours aux victimes de la concurrence, protege les citoyens contre les menaces venues de l'exterieur et egalise les revenus au nom de la justice sociale ; c'est donc, comme l'a si bien montre l'Ecole francaise d'economie publique, un despote bienveillant et omniscient, a la recherche permanente de l'optimum social et que les differentes categories n'hesitent pas a appeler a l'aide, meme si leur discours reste parfois de tonalite liberale.

Par un choc en retour dont l'histoire a le secret, l'omnipotence etatique est partout remise en question, malgre la crise ou plutot parce que la persistance des difficultes economiques a marque les limites du pouvoir central.

Ainsi se trouvaient confortees les reflexions de ceux qui, a partir des annees 70, s'etaient efforces d'appliquer au comportement de l'Etat lui-meme et des differents decideurs publics les instruments de l'analyse economique. En effet, des l'instant ou les decisions publiques sont soumises a des contraintes particulieres (contrainte de reelection pour les parlementaires par ex.), ou l'information est imparfaite ou asymetrique et ou la rationalite des choix publics est limitee, "les defaillances de l'Etat" sont aussi inevitables que celle du marche ; des lors, l'intervention publique cesse d'etre le remede supreme parce qu'elle peut dans certains cas etre pire que le mal.

L'analyse economique de la politique est l'objet meme de l'ouvrage de Francoise Largier. S'attachant principalement aux regimes democratiques, elle reprend d'abord la question fondamentale de savoir si les mecanismes electoraux et le systeme majoritaire peuvent aboutir a une representation des preferences individuelles et s'ils permettent d'agreger ces preferences afin d'aboutir a des choix collectifs non biaises.

Allant plus loin, elle recherche dans quelle mesure les votes eux-memes subissent l'influence des conditions economiques, ce qui suppose la maitrise et l'examen critique de l'abondante litterature, francaise et etrangere, consacree aux fonctions de vote et de popularite au cours des quinze dernieres annees.

Mais que fait l'Etat une fois sa legitimite assuree ? Au depart, l'endogeneisation du comportement des gouvernants a repose sur une vision simplificatrice de la nature de l'Etat ; organe de decision unique, il est totalement anime par la volonte du gouvernement de rester au pouvoir et par consequent de gagner les prochaines elections ; d'ou la place preponderante occupee par le calendrier electoral dans l'analyse economique de l'Etat et les alternances de demagogie et de rigueur qui donnent naissance au cycle politique.

Mais cette approche, aux multiples et riches facettes, n'a constitue qu'une etape. Car l'Etat est une entite heterogene ; l'appareil bureaucratique coexiste avec l'appareil gouvernemental et partage avec lui le pouvoir de decision ; c'est aussi une entite aux objectifs differencies dont les motivations cyniques ou electoralistes voisinent avec des objectifs de regulation economique ou de redistribution des revenus, eventuellement teintes d'ideologie.

Cette dynamique parait etroitement liee au degre de centralisation des structures administratives et au caractere monopolistique de la plupart des services publics.

On notera egalement l'effort accompli pour introduire la variable ideologique dans l'etude du comportement des gouvernements, tout en soulignant le traitement encore insuffisant de cette variable qui joue un role non negligeable dans la definition et, si possible, la mise en oeuvre des programmes politiques alternatifs. Comment, par exemple, ignorer l'impact economique de l'alternance de 1981 ou de la "cohabitation" de 1986-88 en France

Avec l'ouverture croissante des economies nationales sur l'exterieur, l'integration des echanges internationaux dans l'analyse de l'Etat cynique est du plus haut interet. Dans cette nouvelle perspective, on peut toutefois se demander si l'importance des contraintes externes ne limite pas la liberte de man?uvre des "petites economies" a un point tel que leurs gouvernements sont conduits a etre plus raisonnables ou moins demagogues. On ne manquera pas non plus de s'interroger sur la signification d'un cycle politico-economique national dans un grand marche (avec ou sans monnaie commune) ou une federation d'Etats.

Une conclusion importante de cette etude est la confirmation de l'existence de cycles politico-economiques qui peuvent s'analyser comme des defaillances de l'Etat tout comme le cycle des affaires represente une defaillance du marche puisque, dans tous les cas, le trend effectif est inferieur au trend potentiel de plein-emploi. Le paradoxe de l'analyse positive de l'Etat est donc de montrer que le partage des competences entre secteur public et secteur prive tend constamment a etre desequilibre et que l'economie mixte, tant vantee en France, est par nature sous-optimale. L'un des principaux interets de ce travail est de l'avoir montre.

Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Cujas
Auteur(s) Francois Largier
Parution 01/01/1991
Nb. de pages 474
Format 15,5 x 24
Couverture Broché
Poids 653g
Intérieur Noir et Blanc
EAN13 9782254917129

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