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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Tout terriblement

Tout terriblement

Alain Claret

349 pages, parution le 13/01/2005

Résumé

Elle lui a dit: "Nous sommes hors du temps et hors du monde. Si vous essayez de m'aimer, ils vont vous tuer."

Il s'appelle Polder. Plus exactement Emmanuel Saül Gabriel Polder. Il s'est mis sur la route de cette jeune femme parce qu'il est chargé de détruire son père. C'est son travail de détruire les gens - moralement, socialement, psychologiquement et, en dernier ressort, physiquement. S'attaquer à la fille de sa victime pour arriver à ses fins lui a semblé pertinent. Il ne pouvait alors deviner que dès leur première rencontre, il tomberait éperdument amoureux de cette femme sidérante. Elle s'appelle Elisa Van Bever. Il l'a tout de suite appelée Miss Opium à cause du parfum qu'elle porte et de l'étrange sensation de vertige qu'il a éprouvée dès les premières minutes passées avec elle. Elle est la fille d'un des hommes politiques les plus influents de ce pays. Dissimulé derrière les habits du pouvoir républicain, il règne sur un empire financier dont les appétits sont inextinguibles. Elisa n'est qu'un pion dans cette machine infernale. Un pion déterminant mais un pion tout de même. Elle peut se croire privilégiée mais elle n'a d'autre liberté que de tourner en rond dans une cage dorée. Si Polder ne remplit pas sa mission, ses mandataires le tueront. S'il s'approche de cette femme, le père le tuera.Elle désire cet homme mais si elle accepte de l'aimer, son père la tuera.Quoi qu'ils choisissent, la guerre ou l'amour, ils sont condamnés. Alors ils voudront tout. Tout, terriblement.

Sommaire

– Venez, dit-elle. Et elle le prit par la main.Elle ouvrit une porte et s'arrêta sur le seuil d'un escalier qui montait au deuxième étage. Elle se tourna et regarda la pièce par-dessus son épaule. Son visage était froissé sous le fard, habité par un esprit sauvage qui se débattait dans ses liens. Elle sourit à l'esprit familier et désigna la pièce d'une main nonchalante.– C'est l'ancien bureau de mon père, dit-elle. J'ai installé ses meubles dans cette pièce pour me souvenir de ce que je suis... C'est lui qui m'a donné le goût du vin. Son sourire se remplit d'ironie et de tristesse. Elle lâcha la main de Polder et monta l'escalier. Les marches craquaient dans l'obscurité. Elle semblait s'enrouler dans le bois et l'ombre, comme un animal se coule dans la végétation. Il vit ses jambes et ses hanches se fondre dans le noir. Elle s'arrêta au sommet de l'escalier, il ne la voyait plus, il entendit sa voix.– Vous savez ce que les pères font à leurs filles?Il ne répondit pas. Cette fois-ci il était perdu. Abandonné dans le noir, les yeux levés vers la voix rauque.– Vous avez des enfants? Je ne sais rien de vous!– Non, répondit Polder.– Vous avez une femme qui vous attend quelque part?– Non, répondit-il encore.– Alors vous êtes à moi, dit-elle. Vous savez boire le vin et embrasser la bouche d'une femme ! Mais mon père et les siens vont vouloir vous tuer!– Je ne suis pas si facile à tuer!– Détrompez-vous! Ceux qui ne sont pas facile à tuer sont déjà morts!– Je ne suis pas mort!Il n'entendit plus rien. Il commença à monter les marches, une main appuyée au mur. Elle semblait avoir été aspirée par le noir, il montait sur le fil de son parfum avec dans sa bouche le goût de sa bouche à elle.– Non, vous n'êtes pas mort!Il y avait comme un sanglot dans sa voix. Il s'arrêta au milieu des marches, les sens aux aguets. Il pouvait sentir l'ombre dense entrer dans son corps et le relier à elle. Il était dans son univers. Cette vieille maison n'était pas un lieu qu'elle habitait mais une extension de son esprit, un domaine hanté, une construction hystérique qu'elle ne maîtrisait pas et qu'elle craignait. Elle en était le noyau mouvant, éclaté, prisonnier du temps et de la mémoire. – Regardez-moi, Polder! Elle était un peu plus haut, sa voix tremblait. Il monta, sentit une rampe de bois lisse sous sa main. Il l'agrippa comme si c'était son bras, il atteignit un palier étroit au plafond bas et voûté. Il écarquilla les yeux, il ne voyait rien.– Regardez-moi! dit la voix lente et rauque.Un désir brutal monta dans son ventre, un désir de lutte, de chair empoignée, mordue.– Je suis là!La voix était si douce qu'elle le paralysa. – Écoutez-moi!Si douce. L'instant d'avant, il était prêt à se battre, à se défendre. S'il avait pu la toucher, il l'aurait jetée par terre, se serait jeté sur elle pour la dévorer. Mais la voix l'apaisa, le remplit de silence et de calme, elle le caressa, combla son esprit d'attente et de patience.– Écoutez-moi, ne bougez pas! Je suis là, je suis là pour vous. Je n'ai jamais été aussi près de quelqu'un. Tout à l'heure mon père me tenait par les cheveux, il n'est plus là, il est retourné parmi les siens. Il n'y a plus rien entre nous, juste vous et moi ! Mais il faut réfléchir.– Réfléchir à quoi? demanda Polder.– L'homme que vous avez piégé est comme un animal blessé, il est dangereux. Il ne représente rien en lui-même, il n'existe pas. Mais il est le rouage d'une machine puissante. Si vous vous approchez de moi, vous vous approchez d'elle, elle va vous dévorer. Polder, je ne peux pas voir votre visage mais je l'ai vu tout à l'heure quand vous buviez ce vin, je ne l'oublierai jamais. J'ai bu à ce visage comme à une fontaine. Vous pouvez renoncer encore.– Vous savez que je ne peux pas!– Vous pouvez réfléchir.– Vous savez que je ne peux plus réfléchir!– Réfléchir est une chose humaine et difficile.– Je n'ai pas peur!– Non, bien sûr que non! Mais si vous vous approchez encore de moi, la vérité va vous brûler!– Ne pensez plus! Ne réfléchissez plus!– Je pense à vous, je réfléchis grâce à vous! Je dois sortir de la machine pour m'approcher de vous!– Je n'ai pas peur, répéta-t-il.– Je sais! Vous êtes un idiot et je vous aime!Une petite lampe s'alluma dans la pièce. Il ne savait pas à quoi il s'attendait mais il n'y avait rien d'autre qu'une femme assise dans sa chambre et qui pleurait. C'était une petite pièce mansardée aux murs blancs, traversée de poutres sombres, ascétique comme une cellule de moine. Il n'y avait aucun meuble à part un futon et un tapis d'un rouge tellement sombre qu'il paraissait noir. Les deux fenêtres percées dans le toit étaient masquées par des stores du même rouge que le tapis. C'était une pièce nue, chaude, odorante, c'était une pièce pour le sommeil et le repos du corps, une pièce où le monde n'entrait que filtré par les rêves et le pouvoir de la nuit.Elle était là, assise sur le bord du lit, les jambes repliées, dénudées jusqu'aux cuisses, forme noire lovée sur elle-même, le visage levé, sillonné de larmes, les yeux si clairs qu'ils étaient transparents. Elle était assise tout armée de beauté, le cou rigide, comme une jeune guerrière, les cheveux pareils à un lourd casque ciselé par le feu et la bouche sanglante d'une divinité égyptienne.Polder sentit son image se graver dans son esprit. Quelque chose s'effondra au fond de lui, il fit un pas et un sourire traversa ses larmes. Il en fit un autre l'esprit à genoux et le sourire mit le feu à l'eau de ses yeux, hachant la tristesse, chassant la solitude. Une chaleur brutale, sèche, traversa ses muscles. Il fit un troisième pas et, sans comprendre ce qui avait pu se passer, elle était dans ses bras, mêlée, emmêlée, chaleur, parfum, chair et douceur. – Je n'ai pas peur! murmura-t-il.


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Caractéristiques techniques

  PAPIER NUMERIQUE
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Alain Claret
Parution 13/01/2005 19/06/2014
Nb. de pages 349 -
Format 13.9 x 21.8 -
Couverture Broché -
Poids 442g -
Contenu - ePub
EAN13 9782221099599 9782221135976

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