Carnets afghans - Stéphane Allix, Natacha Calestrémé - Librairie Eyrolles
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Carnets afghans

Carnets afghans

Stéphane Allix, Natacha Calestrémé

213 pages, parution le 05/09/2002

Résumé

Stéphane Allix a découvert l'Afghanistan à l'âge de 19 ans, en 1988. Aujourd'hui, il dresse le portrait inédit de ce pays fascinant.

L'Afghanistan est le pays d'adoption de Stéphane Allix. Il y a vécu pendant plus de sept ans. Il y a connu l'invasion soviétique, la guerre civile et le règne taliban. Il y a croisé le commandant Massoud et le mollah Omar. Fondateur à Kaboul de l'antenne afghane de la Société des explorateurs français, Stéphane Allix s'est donné pour objectif de dresser un inventaire de l'état du patrimoine archéologique du pays... jusqu'au décret taliban du 26 février 2001, ordonnant la destruction des bouddhas géants de Bamian. Avec Natacha Calestrémé, dans "Carnets afghans", Stéphane Allix a voulu témoigner de sa fascination pour ce peuple et ce pays. Il a ressenti le besoin d'en faire un portrait intime, bien loin de tous les clichés colportés depuis un an. Cet attachement à la terre afghane ne date pas d'hier: l'Afghanistan est une histoire de famille chez les Allix, pour le meilleur et pour le pire. En 1956, le pays s'offre au regard ébloui du père de Stéphane Allix, qui visite Kaboul avec Joseph Kessel et Pierre Schoendoerffer. En 1988, Stéphane passe clandestinement la frontière avec les moudjahidin. En 2001, Thomas, son frère, trouve la mort au sud de Kaboul. Le sang de la famille a coulé sur cette terre, rejoignant celui de millions de soldats et de civils afghans.C'est cette passion tragique qui fait écrire à Stéphane Allix:"La terre afghane est une terre fabuleuse, au sens étymologique du terme. Un passage chargé d'histoire, où la mémoire de milliers d'années continue de respirer. J'ai récemment été étonné par ces gens qui avaient l'impression que l'Afghanistan était devenu le centre du monde. Pour moi qui y voyageais depuis de nombreuses années, cette sensation ne m'a jamais abandonné. En dehors de toute question politique. Il y a en Afghanistan un peu de notre âme à tous."

Sommaire

L'Afghanistan est une terre fabuleuse. Elle boira jusqu'à mon propre sang.C'est dans la plaine de Maydan Shahr que la première partie de ma vie s'achève alors que celle de mon frère s'envole. Encore aujourd'hui, je suis intrigué que cela se soit passé dans cette plaine, précisément. J'y étais venu treize années avant ce jour d'avril 2001. En compagnie d'un groupe de résistants, j'avais contourné la vallée par une crête en regardant les jets soviétiques bombarder les villages de paysans. J'avais dix-neuf ans et rêvais de devenir reporter de guerre. 1988, le 14 mai. Un samedi. Une route en lacet monte à l'assaut du col d'Ali Mangal. Je ne cesse d'écarquiller les yeux. Parti la veille de la ville pakistanaise de Peshawar en compagnie de deux jeunes combattants, je me retrouve plongé dans une autre époque. J'ai appris la réélection de François Mitterrand trois jours auparavant à Peshawar. Depuis plusieurs semaines, je m'étais mis dans la tête d'aller au Pakistan, et si cela était possible, d'aller passer quelques jours en Afghanistan. À Peshawar, le groupe du commandant Amin Wardak, que j'avais pensé rejoindre pour aller "à l'intérieur", pénétrer clandestinement en Afghanistan avec les moudjahidin, était déjà reparti. J'avais finalement atterri dans l'arrière-cour d'un petit groupe chiite qui jusqu'alors n'avait emmené aucun journaliste: le Harakat-e-Islami du commandant Anouari. Mon âge n'avait pas semblé les surprendre et ils avaient accepté de me prendre en charge. Une journée pour acheter quelques vêtements ainsi qu'une paire de baskets dans le bazar de Saddar à Peshawar, et me voilà parti avec deux combattants dans un minibus à travers les zones tribales pakistanaises. Direction: l'Afghanistan, pour deux ou trois semaines...La frontière afghane est devant, en haut de cette route. Autour de moi, c'est l'effervescence. Des milliers d'hommes font entrer ici une bonne partie des armes destinées à la résistance afghane. Depuis l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en décembre 1979, le Pakistan voisin est devenu la principale zone de soutien logistique aux centaines de milliers de moudjahidin. Les États-Unis, qui soutiennent ces "combattants de la liberté" comme jamais ils ne l'ont fait avec aucun mouvement de guérilla, donnent sans vraiment contrôler des quantités astronomiques d'armes et de munitions. Elles arrivent par bateaux dans le port pakistanais de Karachi puis finissent sur la frontière, comme ici à Ali Mangal, où l'aide militaire américaine rejoint le marché local. Au-dessus du village, d'immenses dépôts à ciel ouvert offrent des cibles faciles aux avions russes qui font régulièrement des détours sur le territoire pakistanais. Des hommes vêtus de châles et de turbans, kalachnikov à l'épaule, s'invectivent, s'embrassent ou se toisent avec fierté. Ici, on se tire dessus pour un regard de travers. Quarani, un des jeunes combattants qui m'accompagne me fait presser le pas. J'ai beau être habillé comme les Afghans d'une chemise longue et d'un pantalon bouffant et me faire appeler Qassim, il n'a pas envie que nous traînions ici. Voilà un endroit où les étrangers ne viennent pas. Nous longeons le village. Ici un boucher, assis dans son échoppe de planches devant une bille de bois sanguinolente agite un chasse-mouches fait de fines bandelettes de plastique devant une carcasse de mouton graisseux. Les mouches forment des essaims compacts dans lesquels il faudrait presque tailler au couteau. Le soleil tape. La poussière monte au nez et s'aventure loin dans la gorge. La sueur colle à la nuque. Dans cette autre échoppe, ce sont de petites mines antipersonnel qui sont rangées tels des gâteaux. À côté, dans un bocal de bonbons, sont exposés en plein soleil des cartouches de kalachnikov vendues par poignées. Ici pendent les lance-roquettes que la brise des montagnes fait chanter, là attendent deux bazookas. Plus haut, à flanc de coteau, les partis de la Résistance possèdent chacun leur enclos de stockage de munitions où ils gardent temporairement ce que les hommes de l'ISI, les services secrets pakistanais, viennent de leur livrer, avant de l'acheminer à l'intérieur à dos de quadrupède. Des centaines de milliers de boîtes rectangulaires en fer, conditionnement pour cartouches de différents calibres, reflètent les rayons du soleil. Roquettes obus et autres gros calibres sont dans des caisses de bois. Nous quittons le village. Quarani laisse la route pour couper droit vers le col à travers les arbustes secs. Les lacets sont trop encombrés de camions, de voitures hors d'âge, de chameaux, d'ânes idiots et d'hommes nerveux. Ça hurle, klaxonne plus encore; la lumière est voilée de nuages de terre et de diesel.Alors que nous gagnons la montagne, le tumulte des hommes s'éloigne. Nous marchons sur des collines où sont piqués çà et là les troncs déchiquetés de sapins. Là, quelques mâts indiquent des tombes fraîches, à cet autre endroit Quarani me désigne une longue traînée de napalm. Beaucoup de cratères de bombes, partout. La terre retournée, labourée. Et puis, au milieu de ces collines fauves, Quarani se tourne vers moi : "Ça y est, tu es en Afghanistan Qassim!"Je me retourne, puis reviens face à lui. Je regarde de tous côtés. Je ne vois rien d'autre que des vallons pelés. Je ne m'attendais pas à trouver une ligne dessinée sur le sol, mais j'aurais aimé tout de même effectuer un pas symbolique, avoir conscience à un moment de "passer" une frontière. En une enjambée; le pied droit dans un pays, le gauche déjà à l'étranger. Mais non! Nulle trace, nulle marque ni gabelou. Rien que la montagne, le vent et le claquement du drapeau des tombes. Quarani défait sa montre pour retarder les aiguilles d'une demi-heure. Je regarde une dernière fois derrière moi. La tête un peu fiévreuse, les yeux brûlant de sueur, je sens alors une bouffée d'orgueil me monter de l'estomac. Un mélange de fatigue et de fierté. Un avenir inconnu et fou est là, juste devant moi, mais quoi qu'il arrive je peux dire: j'ai mis le pied en Afghanistan!


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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Stéphane Allix, Natacha Calestrémé
Parution 05/09/2002
Nb. de pages 213
Format 13.6 x 21.2
Couverture Broché
Poids 293g
EAN13 9782221096208

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