Valdingue

Natalie Carter

139 pages, parution le 24/08/2006

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Résumé

Trois personnages racontent les trente-six heures qui font basculer leur vie...

Antonin a treize ans. Il s'enfuit de la ferme de son grand-père après y avoir mis le feu. Il n'a jamais connu ses parents et il fugue. Une femme qui a fui Paris le recueille dans sa voiture et transfère sur lui l'amour qu'elle avait pour son fils du même âge et qui vient de mourir. Antonin se laisse entraîner dans ce jeu de rôles, ce mensonge fou et salvateur. Ils s'installent dans une maison au bord de la mer. Dans les dunes, il y a Jean qui suit la femme depuis son départ. Il la surveille, il la désire. Il est l'amant de la fille de cette femme.
Heure par heure les éléments d'un drame se mettent en place. Jean descend de la dune, il entre dans la maison, s'étend sur la femme endormie. Antonin le voit et le tue. La fille arrive.
Dans ce roman à trois voix - le môme, le type, la fille -, chacun prend successivement la parole, décrit le présent et évoque son propre passé. Les destins complets sont installés et s'enchevêtrent en quelques heures, mus par les plus fortes pulsions : la passion, le manque, la culpabilité, le désespoir. Une histoire drue, parcourue par un seul thème obsédant, l'amour maternel.

Sommaire

Quand je suis remonté dans la voiture, elle m'a souri, une espèce de grimace très vague, un écartement machinal des lèvres, comme si elle ne savait pas vraiment à qui elle souriait. Comme si elle ne me connaissait pas. Un sourire de merde. Elle n'a pas redémarré, elle fumait en tenant sa cigarette entre le pouce et l'index, les sourcils un peu froncés, le regard flou, la tempe contre la vitre et j'aurai donné un doigt de ma main pour savoir à qui elle pensait. Dans ma tête, j'ai compté, un deux, trois... À dix, si elle ne démarre pas, je descend de cette caisse pourrie, je finis, à grands coups de pompe, d'écrabouiller le chat mité et je m'en vais, six, sept...
Elle a dit, je t'aime et elle a redémarré.

Elle m'a laissé devant la porte de l'unique épicerie du village, avec sa carte bleue.
– Prends ce que tu veux, mon ange. J'aime tout ce que tu aimes.
– Et le numéro de code ? j'ai crié, mais trop tard, la Peugeot blanche cabossée s'en allait en pétaradant.
Voilà. Une carte bleue sans numéro de code, une épicerie pleine de tout ce que tu veux, mon ange. Et l'épicière qui me regarde drôlement. Débrouille toi, Alexandre, je t'aime. Je t'aime.
Sur la carte bleue, il y a un nom : Ève Beauchamps.

J'ai acheté une tonne de tout, que j'ai entassé dans un gros carton. J'ai regardé l'épicière de tous mes yeux magiques en lui tendant la carte d'Ève Beauchamps et j'ai dit, oh, flûte, ma mère a oublié de me donner le code, ça ne fait rien, je vous la laisse, la carte, et je vais chercher Maman. L'épicière a hésité, mais la carte était déjà sur le comptoir et moi, sur le pas de la porte, avec mon carton dans les bras. Avant de sortir, je me suis retourné, un dernier coup d'œil bien vert. Irrésistible. J'ai montré les dents, aussi et un petit morceau de langue rose.

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