Augusta Holmès ou la gloire interdite

Compositeur, chef d'orchestre, interprète. Célèbre pour sa beauté, compagne de Catulle Mendès, amie de Liszt, Villiers de L'Isle-Adam, Mallarmé, Augusta Holmès régit sa vie comme son oeuvre : avec la folle exigence du talent et la conviction des novatrices. L'Ode triomphale, pour le centenaire de la Révolution française, c'est elle. Les Argonautes, c'est elle. La Montagne noire, c'est encore elle. Augusta Holmès composa un opéra, plusieurs symphonies, sept poèmes symphoniques, des compositions pour chant et orchestre, des pièces pour piano, des chants religieux, le tout dûment donné en audition dans des salles prestigieuses, et plus de cent quatre-vingts mélodies dont beaucoup connurent le succès. Elle fut l'élève de César Franck. Ses pairs, qui s'appellent Liszt, Gounod, Massenet, Franck, Saint-Saëns, louèrent son talent. Pourquoi alors fut-elle si vite oubliée, et ce dès le début du XXe siècle, juste après sa mort, en 1903 ? Sans doute parce qu'elle ne fut pas un modèle de mère, qu'elle rejeta les codes mondains, que son intransigeance et sa farouche volonté n'étaient pas du goût de la bonne société. Et qu'elle s'entêta à faire un métier d'homme, à la différence d'autres musiciennes telles qu'Alma Mahler, Fanny Mendelssohn ou Clara Schumann.