Résumé
Le dernier mur est la retranscription et le remontage de plusieurs entretiens que mena Jean Daive, notamment dans le cadre de l'émission radiophonique « Peinture fraîche » qu'il anima sur les ondes de France Culture de 1997 à 2009. En longeant ce « dernier mur », on ne cesse de se perdre dans les ruelles de la parole, de faire des rencontres lumineuses, celles d'artistes, de théoriciens et d'écrivains qui se racontent et déploient leurs univers, comme Georges Didi-Huberman, Joseph Kosuth, Nicole Loraux, Zoran Music, Aurélie Nemours ou Kiki Smith.
En ouverture, une photographie choisie par Jean Daive fait résonner le titre de l'ouvrage, en l'éclairant et en le laissant à son obscurité en même temps, une photographie en noir et blanc dont un certain flou fait le charme étrange : Jardin de l'enfance et son mur du fond, vers 1942. Ainsi nous est donné à voir le premier mur, avec son air de ruine, ses briques en terre cuite, son lierre grimpant. Tandis que le dernier mur, on ne peut que l'entrevoir, comme s'il s'éloignait toujours.
Dans chaque entretien, il fait une apparition furtive. On le voit brièvement, par exemple, quand Kiki Smith raconte : « L'autre jour, je marchais dans la rue et j'ai vu une palissade bleue et j'ai pensé que la raison pour laquelle j'aime être vivante, c'est parce que j'aime voir les couleurs. » Plus qu'un horizon, le dernier mur est un mur qu'on longe, qu'on ne cesse jamais de longer. Cette manière d'être dans le dédale du temps qui passe, on l'apprend avec Jean Daive en compagnie des artistes, comme Kiki Smith, qui confie encore : « Je ne sais pas très bien ce que je veux faire. Travailler à partir des expériences de la vie. Mon travail est un reflet de ce qui m'arrive dans la vie à certains moments. Je n'ai pas de but. C'est une réaction. »
Une autre rencontre qu'on peut faire au cours de ces entretiens, et qui nous enseigne également une manière de longer les murs du temps, est celle de Georges Didi-Huberman. Il évoque ainsi le modèle de temps non-linéaire qu'il élabore en se référant à Aby Warburg et Walter Benjamin : « un modèle de temps qui n'est plus continu et qui n'est pas non plus un modèle où les choses meurent », mais plutôt « un modèle où des choses passent en dessous et demeurent indestructibles », un modèle tissé de « survivances ». C'est comme cela que se présente aussi Le dernier mur, privilégiant moins une continuité rassurante de la parole, que les discontinuités, les circulations souterraines, et les illuminations soudaines qui peuvent survenir au fil de ces entretiens passionnants.
Avec les voix retranscrites de : Bernard Bazile, Jean-Charles Blais, Sylvie Blocher, Bernard Buffet, Jorge Camacho, Francesco Clemente, Hubert Damisch, Georges Didi-Huberman, Jean Le Gac, Maurice Garnier, Angela Grauerholz, Friedensreich Hundertwasser, Raoul de Keyser, Joseph Kosuth, Eugène Leroy, Nicole Loraux, Raymond Mason, Tania Mouraud, Zoran Music, Aurélie Nemours, Shirin Neshat, Sophie Ristelhueber, François Rouan, Kiki Smith, Jesús Rafael Soto, Éric Suchère, Niele Toroni, Richard Tuttle, Alain Veinstein, Jean-Charles Vergne.
Sommaire
Justesse du regard [Giorgio Morandi]
Ravier, peintre du sentiment [François-Auguste Ravier]
La passion de Georges Rouault
L’arbre, le ciel, la mer [Jean Bazaine]
L’illumination, la nuit [Joseph Sima]
L’espace et la fièvre [Alberto Giacometti]
Apothéose de Don Juan [Pablo Picasso]
Par-delà les figures [Giorgio Morandi]
L’art dépossédé [Art Brut]
Eaux-fortes de Raoul Ubac
La mort qui console [Charles Baudelaire - Georges Rouault]
L’insecte et le topographe [Jean Dubuffet]
Le matin blanc (sur des gravures de Vieira da Silva)
Pierres celtiques
Ces mêmes fleurs du jour [Giorgio Morandi]
Vuillard
Une autre sagesse [Giorgio Morandi]
Les charpentes de la lumière [Geneviève Asse]
De Kooning
Sculptures de Chillida
Le regard de Baudelaire
L’ordre carolingien
Paulhan, peinture, perception
De la sculpture et de quelques objets [Arman, Kalinowski, Nevelson]
Appareillage de l’imaginaire [Maria Helena Vieira da Silva]
Les deux lumières [Le vitrail et les peintres]
Comme un parfait chimiste [Marc Chagall]
Notes sur l’architecture
Les provinces gouvernées [Arpad Szenes]
Une limpidité nécessaire [Henri Matisse]
Aguayo
Aquarelles et dessins de Bazaine
Effigies de la transparence [Geneviève Asse]
Chillida
Árpád szenes
Géorgiques [Raoul Ubac]
L’illumination systématique [Le surréalisme]
Narthex
Actes sur la blancheur
La peinture à vif [Francis Bacon]
L’indivisible [Nasser Assar]
Bazaine, peintures et aquarelles
Empire de la rétine [Stanley William Hayter]
Cosa mentale [Sergio de Castro]
Histoire calcinée [Louis Le Brocquy]
Diagrammes de l’imaginaire [Joaquín Ferrer]
Rigal [J.-J.-J. Rigal]
Vocation de l’ouvert [Eduardo Chillida]
Cosmogonie [Joseph Sima]
Orographie du rêve [Brigitte Simon]
Un questionnement nécessaire [François Fiedler]
L’impatience et l’obscur [Fermín Aguayo]
Luis Fernández et la réalité intérieure
Jean-Marie Queneau - aquarelles, peintures
Étoilements [Argile]
Démarches de la nudité [Pierre Tal Coat]
L’immédiat et l’inaccessible [Yves Bonnefoy]
Pierre Tal Coat
La couleur opaque - entretien avec Aguayo
Fermín Aguayo ou l’ambiguïté du réel
La mémoire des signes [Raoul Ubac]
Présent jour [Jean Follain - Denise Esteban]
Archéologie de la face [Louis Le Brocquy]
Une image qui se dérobe [Francis Bacon]
Le pouvoir des pierres [Raoul Ubac]
Joseph Sima ou les âmes de l’absence
Vers le visage [Rembrandt]
Un espace devenu tactile [Georges Braque]
Palazuelo
Distances [projet de préface à Palazuelo]
Les équivoques de la grâce [Bartolomé Esteban Murillo]
Partages du sensible
Argile et ses compagnons
Giorgio de Chirico, poète
Paul Éluard et la peinture
Sémiotiques du serpent [Karel Appel & Pierre Alechinsky]
Wifredo le matinal [Wifredo Lam]
Le haut message des forêts [Nasser Assar]
Fils premier-né de la terre [Wifredo Lam]
Les lois de l’apesanteur [Marc Chagall]
Présence de Palazuelo
La nature et son lieu
Pierre Tal Coat, histoire de la terre
Espagne rouge et noire : André Malraux et Goya
L’envergure de la mer [Mercedes Gómez-Pablos]
Le culte des images [Octavio Paz]
La poursuite et les signes [Pablo Picasso]
L’engendrement de la couleur [Raquel]
Un geste, un instant, un lieu [Jean Bazaine]
Le travail du visible
Sous les rameaux du laurier de Virgile [Claude Gellée, dit Le Lorrain]
Les pierres parlent [Eduardo Chillida]
Sommeil, songe, mélancolie [Francisco de Goya]
En forme d’interrogation [Henri Michaux]
La tête dans les astres [Raoul Ubac]
Mangé par la nuit [Titien]
Le grand escalier d’Odessa [Peinture et cinéma]
Quelqu’un regarde un tableau [Edward Hopper]
Trilogie de la matière (pour Simone Boisecq)
Les gueux en Arcadie [Diego Velázquez]
Le grand théâtre du monde [Diego Velázquez]
La poésie, tout comme la peinture
Une leçon de silence [Giorgio Morandi]
La dormition du comte d’Orgaz [El Greco]
Inventant, célébrant le vide [Pieter Jansz Saenredam]
Écrit sur du blanc [Alfred Sisley]
Notes sur Georges de la Tour
Le guerrier mélancolique ou Velázquez et les dieux
L’ordre donné à la nuit [Le Caravage]
Guetteur [Gilles Marrey]
Le paysage dans la peinture occidentale
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