Tournage sur bois

Je n'avais absolument aucune connaissance de cet artisanat, sinon qu'il demandait un tour et des outils à longs manches. je n'ai pas choisi le tournage par attirance naturelle pour le bois ou pour les arbres, mais parce qu'il me semblait que je pourrais apprendre les rudiments plus rapidement que dans tout autre domaine. (Et parce qu'une petite voix me soufflait secrètement que c'était cela que je devais faire!) Mon intuition était juste. Dans un petit atelier de campagne, j'en ai appris suffisamment en cinq mois pour pouvoir produire correctement un bol, un pied de lampe ou un coquetier. J'ai pu vendre une assez bonne quantité de ces objets aux boutiques d'artisanat et de cadeaux. Cependant, ça a été pour moi une période de vaches maigres. Le chiffre de mes revenus a perdu un zéro ; je m'y étais préparé et j'avais une petite maison, une voiture et l'équipement de base, et ce que je gagnais était suffisant pour subsister (je n'avais cependant Plus un sou pour les loisirs et j'ai changé de genre de vie). je prospectais les environs en transportant ma production dans mon coffre (et c'est encore ce que je fais, même si depuis dix ans, je ne suis pas obligé de rechercher de nouveaux clients). Mais alors que je n'avais entrepris cette activité que pour gagner ma vie, j'ai eu la grande surprise - ce fut une véritable révélation ! - de constater que je prenais un immense plaisir à tourner le bois et à faire des progrès dans mon art.

Mon problème alors, c'était d'être isolé et de n'avoir personne à qui demander des conseils. je devais découvrir moi-même toutes les techniques: je me suis exercé sur des masses de pièces de bois de qualité inférieure que j'achetais à bas prix et J'ai cassé beaucoup de choses. L'avantage de cette méthode, c'était que personne ne m'obligeait à suivre telle ou telle directive et que j'expérimentais en toute liberté. Quand une technique ne donnait rien, fen essayais une autre. En fait, j'ai dû tenter toutes les manières possibles de couper, de racler et d'érafler le bois sur un tour. Beaucoup de pièces aboutissaient sur le tas de rebuts (ça m'arrive encore% mais j'ai finalement énormément appris.

Les techniques, les outils et les procédés qui sont décrits dans cet ouvrage sont ceux que J'utilise tous les jours. C'est le résultat d'une odyssée de quatorze années, le produit de ma méthode essais/erreurs. je suis d'ailleurs prêt à la remettre en question quand je trouve mieux ou plus rapide. Durant toutes ces années où j'ai exercé ce métier, j'ai mis aux point des techniques qui sont rapides, efficaces et relativement peu dangereuses. Depuis trois ans, j'ai dirigé de nombreux ateliers pour débutants, amateurs avertis et serni-professionnels. J'ai essayé de noter les difficultés les plus fréquentes auxquelles se heurtaient mes élèves. Si je me répète parfois dans le texte de cet ouvrage, c'est que j'ai constaté qu'il fallait répéter les choses importantes pour qu'elles soient assimilées.

Il s'agit ici d'un ouvrage qui traite avant tout des techniques manuelles. J'ai essayé d'expliquer comment tourner à l'extérieur et à Pintérieur d'une pièce, et de détailler les problèmes qui se posent généralement. Les pages comprenant des photos-reportages sont encadrées de rouge, ce qui doit vous permettre de mieux les retrouver en feuilletant le livre sur l'établi. Un tourneur novice est parfaitement capable d'exécuter ces exercices - avec de la persévérance - et d'apprécier pleinement le plaisir de produire de beaux copeaux. Ceux qui sont déjà expérimentés trouveront - je l'espère - de quoi approfondir leurs connaissances afin d'acquérir une démarche professionnelle. Les photos décrivant les réalisations étape par étape (à la fin des chapitrés sur le tournage entre pointes et sur le tournage en l'air) ainsi que les pages en couleur sont là pour que chacun puisse se faire une idée précise du tournage du bois (au moins comme je l'entends).

Si vous n'avez jamais tourné le bois, je suis certain que vous allez aimer cet art. L'apparition des formes de l'objet, alors que les copeaux s'envolent, procurent un plaisir profond - tous les tourneurs l'éprouvent. Sans doute y a-t-il là, dans cette joie à détruire si vite une telle masse de bois, l'expression d'un besoin de vandalisme qui sommeille profondément en chacun de nous. Mais dans notre cas, c'est un vandalisme créateur !

Richard Raffan

Sommaire

• Introduction
• Le tour
• La fixation des bois : pointes et mandrins
• Les outils de tournage : description et affûtage
• Les bases du tournage : la sécurité, la tenue des outils et la coupe
• Mesures, tracés, centrages
• Le tournage entre pointes
• Le tournage en l'air
• Notions sur la finition
• Appendices
  • Comment réagir
  • Sélection des bois
  • Réalisation d'un manche d'outil
  • Réalisation d'une queue de cochon
• Postface
• Index