Résumé
De toutes les étapes de l'humanité, l'une des plus significatives a probablement eu lieu
lorsque l'Homo sapiens a établi le passage essentiel du nomadisme à la sédentarité.
Cette révolution néolithique a permis de passer du statut de chasseur-cueilleur à
l'agriculture, au pastoralisme et plus tard au commerce, et la notion de « foyer » est
apparue.
Liée à l'abri, à la famille, à l'appartenance ou au soi, la réponse au concept de foyer est
débattue entre lieu, sentiment ou « être au monde ». Mais que se passe-t-il dans notre
présent sur-moderne où, au-delà des phénomènes migratoires et du tourisme de
masse, une nouvelle culture nomade semble avoir ré-émergé ? Nous vivons dans un
monde « liquide » de flux constants, où le déplacement, le changement et
l'immédiateté affectent des sphères humaines aussi établies que la famille, la
profession ou le foyer. Dans ce contexte de mondialisation des déplacements et de la
mobilité, le besoin d'être accueilli est plus pressant que jamais. L'hôtellerie, discipline
humaine qui remonte à l'Antiquité, est dédiée à l'art de fournir cet hébergement.
Hotel Sweet Hotel est une vaste collection taxonomique d'intérieurs et de dépendances
de chambres d'hôtel, réalisée pendant plus de vingt ans dans plus de cent pays sur les
cinq continents. Abordant des disciplines aussi diverses que la sociologie, la
géographie, l'architecture et la psychologie, Hotel Sweet Hotel est un hommage au
« voyage » et à la vertu humaine de l'hospitalité, analysant des concepts tels que la
différence, la mondialisation, la solitude et la complicité du voyageur avec un espace
qui devient une maison temporaire. S'équilibrant sur la polarité entre intérieur et
extérieur -que ce soit à travers le cadre physique de la fenêtre, ou à travers les écrans
omniprésents de la télévision, de l'ordinateur ou du smartphone-, dans Hotel Sweet
Hotel la grande variété et l'éclectisme des chambres et des logements pointent, avec
une ironie subtile, vers une certaine anthropologie du voyage.