Toute sa vie Baylón a cherché, selon ses mots, à « retranscrire la réalité de manière
naturelle. Sans composer ou modifier la scène. [...] Photographier les gens tels qu'ils
sont, tels qu'ils se présentent au monde et non tel que le photographe souhaiterait
qu'ils soient. »
À 26 ans, son père lui offre un Rolleiflex qu'il ne quittera plus et avec lequel il tente
de capter l'âme des gens. Il saisit sur le vif les enfants, les mendiants, les prostituées,
les marginaux. Chiens et chats errants, musiciens de rue, amoureux fugaces, rien
n'échappe à son regard précis. Son ami Quico Rivas décrit la « recette Baylón »
comme le mélange d'« une grande sincérité, un peu de ruse, une certaine effronterie
et d'excellents réflexes ».
Ce livre, première publication du photographe madrilène en France, révèle son
univers à travers une sélection d'images en noir et blanc prises entre 1982 et 2014
dans différentes villes d'Espagne (principalement Madrid mais aussi Barcelone,
Benidorm, Murcie, Valence ou encore Zamora). Les textes du romancier Andrés
Barba et du photographe Bernard Plossu, tous deux proches de Luis Baylón,
apportent chacun un témoignage sensible sur la démarche et le regard singulier de
leur ancien complice.
En capturant l'essence du peuple espagnol, l'oeuvre de Luis Baylón s'inscrit
parfaitement dans la lignée de la célèbre collection des éditions Delpire qui compte
Les Américains de Robert Frank (1958), Les Italiens de Bruno Barbey (2022) et
Les Anglais d'Henri Cartier-Bresson et Martin Parr (2023).