Résumé
Théière, poulet, chaussure américaine : les formes de cercueils extraordinaires et la culture d'adieu du Ghana.
Célébrer la mort comme on célèbre la vie : tel est le credo de la culture funéraire du groupe ethnique ghanéen
Ga-Adangme, où des cercueils créatifs en forme d'animaux, de véhicules, etc., sont utilisés pour représenter les
préférences ou les rêves du défunt. De plus, des danses parfaitement chorégraphiées transforment les funérailles
en célébrations colorées et énergiques.
Depuis plus de vingt ans, Regula Tschumi, titulaire d'un doctorat en ethnologie, étudie et photographie le culte
funéraire ghanéen. Ses images étonnantes et aux couleurs vibrantes représentent des cérémonies funéraires chré-
tiennes et traditionnelles, des installations bizarres et diverses formes de présentation des défunts, ainsi que les
tendances spectaculaires en matière de conception de cercueils figuratifs au cours des deux dernières décennies.
Tschumi a également accompagné et photographié l'entrepreneur de pompes funèbres et le porteur de cercueil
Benjamin Aidoo (connu sous le nom de « Danseur de cercueil du Ghana »), devenu mondialement célèbre grâce
aux médias sociaux.
Dans le sud du Ghana, une attention particulière est accordée aux enterrements, notamment chez les Ga. Pour ce
groupe ethnique, les funérailles comptent parmi les rites de passage sociaux et spirituels les plus importants. Les
cérémonies, qui durent souvent plusieurs jours, sont de grands événements publics conçus non seulement pour
honorer les morts, mais aussi pour maintenir la réputation d'une famille et assurer la bonne volonté des futurs
ancêtres. Les familles visent à impressionner et à divertir les invités : des salles d'exposition somptueuses, des
cercueils uniques et des présentations spectaculaires jouent tous un rôle. Cet accent culturel mis sur le spectacle
a stimulé l'innovation en matière de conception de cercueils, de performances et de décor funéraire, faisant des
funérailles ghanéennes un mélange unique de rituel, d'art et de fierté communautaire.
Le monde de l'art international a d'abord remarqué les cercueils figuratifs du Ghana lors de l'exposition Magiciens
de la terre au Centre Pompidou à Paris en 1989. Depuis lors, ces cercueils sculpturaux, initialement fabriqués par
les artistes Ga Ataa Oko Addo et Kane Kwei, sont devenus une forme d'art dynamique, adoptée dans tout le Ghana
et admirée dans le monde entier. « Enterrement avec style » présente non seulement la documentation vivante
de Regula Tschumi sur ces pratiques funéraires uniques, mais retrace également leur transformation à travers les
générations, notamment le travail de l'artiste célèbre Paa Joe et de ses apprentis.