AMC - Hors série - Jean Nouvel : 25 projets

138 pages, parution le 13/12/2001

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Résumé

Explorer les variations de la matière

Depuis la fin des années soixante-dix, Jean Nouvel explore les voies de la dématérialisation. Par ce terme, il désigne la tentative de faire disparaître, conceptuellement mais aussi concrètement, la présence de la matière. Se plaçant dans ce qu'il nomme une « perspective darwinienne » de l'histoire de l'architecture, il remarque que les structures n'ont cessé de s'affiner et les bâtiments de devenir plus transparents au cours du temps. Cette recherche d'effacement, accordée à la nature fondamentalement équivoque de son architecture, vise paradoxalement pour Jean Nouvel à mieux interroger et mettre en scène la matière. Ses réalisations proposent des émotions esthétiques jusque-là inconnues dans le champ architectural, où la dématérialisation est prétexte à de multiples explorations sensorielles et esthétiques. Avec la tour Agbar de Barcelone, il construit une architecture dont l'aspect perpétuellement changeant évoque une masse d'eau figée; pour la salle philharmonique de Luxembourg, il introduit la « mono matière mutante », jouant sur l'illusion d'une matière continue, constituée en fait de deux matériaux différents; à Francfort comme à Barcelone, il profite de ce qu'une tour est aussi un bâtiment qu'on voit de très loin à travers l'épaisseur de l'atmosphère pour accentuer l'incertitude de sa perception ; musée des Arts premiers du quai Branly, la « disparition » sélective des matériaux favorise le contact direct avec les oeuvres d'art. Moins de matière donc, mais pour mieux la percevoir, à l'image des monochromes blancs de Ryman, qui nous aident à mieux saisir l'essence de la peinture.