Cabinet portrait

« Victime », consciente ou non, consentante ou pas, de l'insidieuse pression qui, depuis ses débuts, s'exerçait sur lui (à moins qu'il ne s'agisse là que de paranoïa pure et simple) ?, l'auteur nous livre enfin un sixième roman ou les phrases sont courtes, les parenthèses rares, les paragraphes nombreux et les signes de ponctuation à peu près à leur place. Pour ne rien dire des : « dit-il », « fit-il » et autres « songea-t-il »...

L'inévitable rançon d'un tel... alignement, sa récompense aussi (pour le lecteur, en tout cas), réside dans une histoire d'une biblique et romanesque simplicité.

Ce n'est rien.

Juste un homme que les « circonstances de la vie » contraignent à emménager dans une petite chambre exiguë et bruyante (la télévision des voisins de gauche, les râles de la folle de droite). Pour pallier de tels inconvénients qui nuisent à sa concentration, l'homme entrepose dans les toilettes, communes à l'étage, une Encyclopédie en 25 volumes à laquelle il semble beaucoup tenir. C'est donc en ce havre de paix qu'il se réfugiera chaque fois qu'il voudra essayer d'en savoir un peu plus sur n'importe quoi et, en particulier, sur une maladie dont il est (se croit ?) atteint, sur les guerres qui çà et là éclatent dans le monde et sur son passé dont il ignore tout, ou presque.

Allez savoir pourquoi, les voisins n'apprécient guère cet arrangement. De désopilantes brimades en hilarantes humiliations, ils mèneront à notre héros la vie si dure qu'il faudra bien qu'il finisse par s'en aller.

D'une façon.

Ou d'une autre.

J.-L. B.

À l'enseigne de Cabinet portrait , un certain D. Michaïlides tenait à Edirne (Andrinople) un atelier de photographe. C'est là qu'en 1908 fut réalisé le document de couverture, sur lequel sont représentés les grands-parents, tantes, oncle et père (debout à l'extrême gauche) de l'auteur. Prénom du grand-père : David. Prénom du père : Nissim. Les prénoms des quatre autres personnages sont inconnus.