Correspondance générale - Tome 2

Quatre cent quatre-vingt-deux lettres, dont cent huit inédites, quarante-six partiellement inédites sont réunies dans ce volume. De vingt-deux à vingt-six ans, pendant ces quatre années passées à Paris, Renan écrit surtout à sa famille : à sa mère qui vit à Tréguier jusqu'en 1847, avant de rejoindre le ménage de son fils aîné à Saint-Malo, à sa sœur Henriette, institutrice, qui suit ses élèves de Pologne en Italie, en séjournant pendant quelques mois en Allemagne, à son frère Alain, propriétaire d'une maison de commerce à Saint-Malo, ainsi qu'à la femme de ce dernier, Fanny. Interlocuteurs privilégiés de l'étudiant isolé, les lettres qu'ils échangent tous les cinq forment soixante-quinze pour cent du tome ici présenté. Vingt et une lettres sont adressées à ses anciens maîtres et condisciples ecclésiastiques. Ecrites, pour la plupart, à deux moments différents : en octobre 1845, lorsque le jeune séminariste quitte Saint-Sulpice et se raccroche à son passé perdu, et au milieu de 1849, lorsqu'il prépare son départ pour l'Italie et souhaite obtenir des recommandations pour aider sa recherche de manuscrits inédits. On trouvera aussi dans ce tome vingt-deux lettres à ses maîtres de la Sorbonne et du Collège de France et à ses nouvelles connaissances : Victor Cousin, Michelet, Emile Egger, Amédée Jacques... Quatre longues lettres adressées à Adolphe Garnier et Philibert Damiron traitent de sujets de philosophie. Enfin, on peut suivre à partir de 1845 l'expression et les progrès de l'amitié qui commence avec Marcelin Berthelot, et comprendre ainsi les relations intellectuelles qui vont unir les deux savants pendant quarante ans. Un intérêt particulier réside dans la réaction du jeune Renan aux événements de février et de juin 1848. Le choc qui ébranle alors son âme se conjugue avec la réflexion libre et hardie qu'il mène durant ces quatre années capitales pour transformer l'ancien séminariste assoiffé de savoir et indépendant d'esprit, en un philosophe reconnu par le monde savant, capable d'écrire à 25 ans un grand livre philosophique, L'Avenir de la science; tellement en avance sur son temps que, par crainte du scandale qu'il pourrait susciter, il ne sera publié qu'en 1890. La correspondance établie dans ce volume montre comment Renan, de vingt-deux à vingt-six ans, accomplit sa propre révolution.