
Dictionnaire d'emile zola sa vie, son oeuvre, son époque...
Collectif, Gina Gourdin-Servenière, Véronique Lavielle, Colette Becker
Résumé
Emile Zola, de A à Z, ses œuvres, ses personnages, ses contemporains, ses thèmes, sa philosophie, ses idées politiques. Le guide indispensable à travers les Rougon-Macquart.
Qui était Valabrègue, l'ami d'enfance de Zola ? Quels étaient les liens du romancier avec Manet ? Qu'est-ce que le naturalisme ? le réalisme ? Qu'est-ce qui a amené Zola à son fameux J'accuse ? A ces questions et à bien d'autres ce Dictionnaire rédigé par trois spécialistes réputées de Zola fournit des réponses circonstanciées.
Sommaire
VALABREGUE, Antony : (1844-1900) Un ami de jeunesse. Il fit ses études à Aix et à Paris. Ce fut aussi un ami d'Alexis, de Cézanne et de Marion. A partir de 1864 et pendant quelques années, il échangea avec Zola une correspondance littéraire qui nous renseigne sur l'esthétique du jeune Zola. C'est à lui, par exemple, qu'est adressée l'importante lettre sur les écrans. Non sans une nonchalance que Zola déplorait souvent, Valabrègue composait des vers. Il en fit paraître à partir de mai 1868, d'abord dans l'Artiste et dans le Parnasse contemporain. Comme critique d'art, il collabora à divers journaux. En 1894, il fut envoyé par le ministre des Beaux-Arts en Allemagne pour faire un compte rendu sur l'art français dans ce pays. Il fut un deuxième voyage en 1898. A sa mort, il travaillait à la préparation de l'Exposition universelle. Les relations entre les deux hommes s'étaient espacées après 1880. Zola s'inspira de certains traits de Valabrègue pour le Gagnière de l'œuvre : "l'impuissance radicale [...], un cerveau qui se rétrécit du grand au petit, qui finit dans l'infiniment petit. Prendre tout mon Valabrègue pour le transposer". Puis, dans un deuxième temps, il reporta certains caractères de Valabrègue sur son personnage de sculpteur, Mahoudeau. NATURALISME : Zola reprend le mot "naturalisme", que le critique d'art Castagnary utilisait depuis 1863, de préférence à ce lui de réalisme, aux connotations péjoratives, en 1865. En 1866, il pense que Taine est "un philosophe naturaliste" parce qu'il "déclare que le monde intellectuel est soumis à des lois comme le monde matériel, et qu'il s'agit avant tout de trouver ces lois, si l'on veut avancer sûrement dans la connaissance de l'esprit humain ". En 1881, il précise : "Les naturalistes reprennent l'étude de la nature aux sources mêmes, remplacent l'homme métaphysique par l'homme physiologique, et ne le séparent plus du milieu qui le détermine". "Le naturalisme est purement une formule, la méthode analytique et expérimentale. Vous êtes naturaliste, si vous employez cette méthode, quelle que soit d'ailleurs votre rhétorique. Stendhal est un naturaliste, comme Balzac, [...] tous les deux procèdent par l'analyse et par l'expérience. [...] Le naturalisme n'est pas une école au sens étroit du mot, [...] parce qu'il laisse le champ libre à toutes les individualités". Les trois caractères du roman naturaliste, pour Zola, sont : dans un premier temps, la reproduction exacte de la vie, l'absence de tout élément romanesque ; puis la mort du héros ; et enfin, la disparition du romancier derrière l'action qu'il raconte. "La beauté de l'œuvre n'est plus dans le grandissement d'un personnage, qui cesse d'être un avare, un gourmand, un paillard, pour devenir l'avarice, la gourmandise, la paillardise elles-mêmes ; elle est dans la vérité indiscutable du document humain, dans la réalité absolue des peintures où tous les détails occupent leur place, et rien que dans cette place". REALISME : Le terme de "réalisme" est ancien. Il renvoie à une tradition florissante de la littérature occidentale qui, depuis l'Antiquité, prend le réel sous toutes ses formes pour sujet. En ce sens transhistorique, le réalisme s'oppose à l'idéalisme, les deux termes formant un couple de notions antithétiques. Ils expriment deux attitudes devant l'homme et la société. [...] Le mouvement réaliste, préparé par l'évolution de la littérature vers une observation de plus en plus poussée de la société contemporaine, et, particulièrement, par les œuvres de Balzac et de Stendhal, se développe après l'échec de la révolution de 1848 et la fin de "l'illusion lyrique". Il s'explique aussi par l'extraordinaire développement des sciences et de leurs applications technologiques, qui entraîne un bouleversement dans les habitudes de vie, l'essor du capitalisme, des grandes banques, des grands magasins, des chemins de fer, une politique de grands travaux urbains. Parallèlement, les découvertes en physiologie, en astronomie, en archéologie, en paléontologie ont pour conséquence une remise en cause profonde de la définition de l'homme et de sa place dans l'Univers. Les bornes de connaissance reculent en tous domaines, on croit possible de se rendre maître du monde par le savoir. Le mythe du Progrès est un des mythes les plus forts des premières décennies de la seconde moitié du XIXe siècle. On croit à l'avenir grâce à la science. La littérature réaliste participe à ce grand mouvement dont elle utilise les découvertes, en physiologie et en médecine, particulièrement. Cham-fleury s'intéresse aux travaux de Cabanis, de Broussais, de Lamarck, de Geoffroy Saint-Hilaire. Il lit les ouvrages des Dr Lucas et Moreau de Tours, il est attiré par l'étrange, la folie (Chien-Caillou, 1847), l'hérédité (Les Demoiselles Tourangeau, 1864). Le développement de la presse à grand tirage et du livre à bon marché, la généralisation progressive, depuis la loi Guizot de 1833, de l'instruction primaire, amènent à la lecture de nouvelles catégories d'hommes et de femmes. Napoléon III ayant restauré le suffrage universel, alors que la classe ouvrière est encore inorganisée, la nécessité de l'instruction paraît d'autant plus urgente. Le réalisme et, plus tard, le naturalisme sont des réponses à l'attente de ces nombreux lecteurs, à ces nécessités politiques et sociales. Le mouvement réaliste s'est d'abord développé en peinture. Courbet a joué un rôle essentiel dans cette bataille, avec des toiles comme Une après dînée à Ornans (1849, Musée de Lille) ou Un enterrement à Ornans (1850, musée d'Orsay), toiles dans lesquelles, sans aucune intention caricaturale, il peint, grandeur nature, des gens de village dans des attitudes prosaïques. [...] Deux procès du réalisme Dès sa publication, Madame Bovary fut salué comme le modèle du roman réaliste. Mais, bien que Laurent-Pichat, gérant de la Revue de Paris qui publiait l'œuvre, eût édulcoré le texte, suppriment, par exemple, la scène au cours de laquelle Emma et Léon se promènent en fiacre, tous rideaux baissés, le Parquet accusa l'écrivain, l'éditeur de la revue et l'imprimeur d'avoir "commis des délits d'outrages à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs". Dans son réquisitoire, le 31 janvier 1857, le substitut Pinard attaqua, plus largement, la littérature réaliste, faisant appel à la morale chrétienne : "Cette morale stigmatise la littérature réaliste, non pas parce qu'elle peint les passions : la haine, la vengeance, l'amour ; le monde ne vit que là-dessus, et l'art doit les peindre ; mais quand elle les peint sans frein, sans mesure. L'art sans règle n'est plus l'art ; c'est comme une femme qui quitterait tout vêtement. Imposer à l'art l'unique règle de la décence publique, ce n'est pas l'asservir, mais l'honorer." Quelques mois plus tard, en août, le substitut Pinard attaqua, et pour les mêmes raisons, Les Fleurs du mal. J'ACCUSE : "C'est l'acte le plus révolutionnaire du siècle". (Jules Guesde). La "Lettre à Monsieur Félix Faure, président de la République" paraît dans l'Aurore le 13 janvier 1898. Sur les six colonnes de la première page, s'étale, énorme, le titre "J'accuse", trouvaille de Georges Clemenceau, directeur politique du journal. Au lendemain de l'acquittement d'Esterhazy par le conseil de guerre, la voie légale de la révision semble condamnée pour les partisans de l'innocence de Dreyfus. Zola, qui a pressenti ce dénouement, a commencé à rédiger une lettre au président de la République, qu'il projette d'éditer en brochure, comme sa "Lettre à la jeunesse " et sa "Lettre à la France". Mais, la pensée lui étant venue "de donner à (sa) Lettre une publicité plus large, plus retentissante", il choisit un journal, pour se "faire faire un procès de presse". Les dreyfusards s'étaient bornés jusqu'alors à dénoncer l'irrégularité de la procédure condamnant Dreyfus. Zola n'hésite pas à proclamer d'emblée l'innocence du capitaine. Exposant l'enchaînement logique des faits, il dénonce les manœuvres de Du Paty de Clam – à qui il attribue le rôle, exagéré, de traître de mélodrame, évoque le caractère douteux du dossier secret, met en relief la collusion de l'état-major avec Esterhazy et avec la "basse presse" (la presse à scandale), l'impudence dictatoriale de l'Armée. La péroraison de ce réquisitoire est restée fameuse, avec son "J'accuse" répété en début de chaque paragraphe : Zola met nommément en cause les généraux, attaque l'état-major, les conseils de guerre de 1894 et 1898, les experts en écriture, et conclut : "Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour ! J'attends." Son espoir de voir éclater la vérité dans un procès public ne se réalise pas : seules les accusations portées contre le conseil de guerre ayant acquitté Esterhazy (quelques lignes d'une longue lettre) sont retenues à son encontre, ce qui permet au président de la Cour, lors du procès, de répéter maintes fois : "la question ne sera pas posée", dès que les débats évoquent le fond de l'affaire. "La bataille pouvait recommencer" L'Aurore est tiré à trois cent mille exemplaires. "J'accuse" bouleverse Paris. "Il y eut un sursaut. La bataille pouvait recommencer, constate Péguy. [...] Le choc fut si extraordinaire que Paris faillit se retourner" : les énergies républicaines se regroupent non plus seulement pour la défense de Dreyfus, mais pour celle de la morale et la justice. Ecrivains, artistes, professeurs, savants – les "intellectuels" - signent deux pétitions publiées dans L'Aurore à partir du 14 janvier en faveur de la révision du procès de Dreyfus. [...] Inversement, la publication de "J'accuse" provoque un regain de l'agitation antisémite dans de nombreuses villes de France. Aux cris de "A mort les juifs ! à mort Zola ! à mort Dreyfus !", les manifestants tentent de piller les magasins juifs et de forcer les portes des synagogues. L'écrivain reçoit lettres d'injures et menaces de mort, la presse nationaliste l'accable d'un flot d'ignominies : "Après lui-même, il n'a qu'un culte, l'argent. Zola a vu dans l'affaire Dreyfus une immense et colossale réclame" (Sarraut, La Dépêche, 23 janvier 1898), "Zola pense en vénitien déraciné. Entre lui et moi il y a les Alpes" (Barrès). Le ministre de la guerre, le conseil de guerre, les trois experts poursuivent Zola en justice. Il perd les procès et il est contraint de partir en exil. "On a trouvé des hommes pour résister aux rois les plus puissants ; on a trouvé très peu d'hommes pour résister aux foules, pour oser, quand on exige un 'oui', lever la tête et dire 'non'" (Clemenceau). "J'accuse" à la Bibliothèque nationale Le célèbre manuscrit, qui était resté en la possession d'une des branches de la famille, et qui avait été classé patrimoine national par le ministre de la Culture en décembre 1987, a été acheté par la Bibliothèque nationale le 18 janvier 1991 pour la somme de cinq millions de francs.
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Bouquins |
Auteur(s) | Collectif, Gina Gourdin-Servenière, Véronique Lavielle, Colette Becker |
Parution | 05/11/1993 |
Nb. de pages | 720 |
Format | 13.1 x 19.8 |
Couverture | Broché |
Poids | 420g |
EAN13 | 9782221076125 |
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