Du pays d'au-dessus des volcans

Préface
Depuis L'Hort jusqu'à ce récent La Neige de l'instant Jean Chaudier rend hommage à la nature qu'il vénère mais aussi aux écrivains et aux peintres qui lui ont ouvert la voie.
On rencontre, dans la poésie de Jean Chaudier, les petits bonheurs du monde, la lumière des jours, les lieux de l'amour et de la mémoire, l'empreinte d'une vie douce et âpre à la fois. Et toute son oeuvre est un long écho, de poème à poème, de cet hymne sans cesse renouvelé, un hommage aux écrivains, aux peintres, aux musiciens qui l'ont précédé sur ce difficile sentier de la création. Mais aussi aux paysages de son enfance : Gerbier de Jonc, Mézenc, Lizieux, qu'il hisse dans la même lumière glorieuse, afin que l'enfance et l'éternité se rejoignent à jamais sous la plume du poète.
Jean Chaudier est né, a passé son enfance au Chambon sur Lignon et il a gardé de cette époque une nostalgie profonde d'où n'affleure aucune tristesse : il en conserve le goût du plaisir de cette vie passée avec les animaux et la nature de ce haut plateau entre Ardèche et Haute-Loire, même si cette vie campagnarde était rude et sévère.
L'une de ses premières lectures fut la Bible, auprès de grands-parents de tradition protestante. Puis, vers dix-huit ans il écrivit son journal, ses émotions. Voulant devenir pasteur il rejoint l'école de théologie de Saint-Germain-Laye mais au lieu d'étudier l'Évangile il passe son temps à lire, à écouter du jazz, à chanter des gospels ! Et il découvre la poésie en lisant Blaise Cendrars qui fut son grand émoi littéraire. Et sur sa lancée il lit pratiquement tous Les Poètes d'aujourd'hui que publie Pierre Seghers. Et bien sûr de grands prosateurs qui deviendront ses familiers de l'autre côté du songe. Mais c'est dans la poésie que Jean Chaudier maîtrise au plus juste son art. Et puis pour écrire un roman il faut passer tant d'heures devant la feuille blanche alors que les paysages à découvrir nous attendent !
C'est en effet à vélo qu'il préfère parcourir la campagne de son enfance. Il en rapporte des poèmes limpides, remplis d'arbres, d'étoiles, de fougères et de vent. Et il broute toujours allègrement au pré de la langue pour nous dire, comme ici, le pouvoir du pur amour de ce pays d'au dessus des volcans.
Isabelle D'Astier