Je parle aux animaux les secrets d'un dresseur

Des animaux et des hommes
Tous les jours je constate que l'être humain ne vit pas que de télé, de shopping et de voitures qui roulent plus vite que celle du voisin... Il me semble que plus le monde environnant devient superficiel et scintillant, plus il nous devient nécessaire de rétablir un contact avec cette nature que nous avons au fond de nous...
C'est peut-être pourquoi, de plus en plus, nous nous entourons d'animaux, que nous choisissons de partager nos vies avec ces créatures poilues, ou emplumées, voire couvertes d'écailles, et instinctives toujours.
Il y a en France des millions de chiens et de chats, et un peuple sans cesse croissant de Nouveaux Animaux de Compagnie, les NAC. Que cherchons-nous en ouvrant grandes nos portes aux furets, rats, cochons d'Inde et autres serpents, sinon à retrouver un peu de notre part animale ?
Car l'animal se moque qu'on porte du Chanel ou des haillons ; il se fiche qu'on soit moche ou beau, qu'on touche le RMI ou qu'on claque des millions...
Pas dupe de nos beaux discours, l'animal discerne en nous la peur ou la confiance, l'amour ou la colère... Il s'adresse à ce qu'il y a, en nous, d'essentiel. Et c'est bon.




Pourquoi le dressage ?

Qu'ils débordent d'un amour maladroit, que la vitalité de leurs bêtes les intimide, ou pour d'autres raisons encore, je vois souvent des propriétaires dépassés par leurs animaux. Ils ne veulent que bien faire ; mais le lapin nain les mord, le serpent les attaque, le chat les boude, le chien les pousse du lit... Il est heureusement rare que la situation tourne au tragique ; mais cet inconfort quotidien n'est pas facile à vivre pour autant...
Les problèmes naissent souvent, paradoxalement, d'un trop grand respect. Comme on se sent coupable de priver un animal de ce qu'on pense être son milieu naturel, ou qu'on trouve par trop cruel de s'imposer à un caniche toy d'un kilo cinq, on laisse faire, et la situation dégénère. Ou bien on croit, à tort, que parce qu'on lui assure le gîte et le couvert et qu'on lui passe tous ses caprices, l'animal reconnaissant va de lui-même se plier à nos règles d'humains... Alors qu'il va simplement en déduire qu'il est le maître de la maison et de la situation, puisqu'on lui obéit !
Mais comment pourrait-il connaître les règles du monde des hommes, si personne ne les lui explique ?
Le dressage, c'est cela.

Dresser un animal l'aide à reconnaître les codes qui lui rendront plus facile la vie parmi les humains. C'est bel et bien une éducation : " dresser ", n'est-ce pas " élever " ?
Quand le chien sait que s'il reste tranquillement assis pendant les repas, il aura ensuite de la nourriture ; quand le cheval a saisi que dès qu'il aura fait une révérence, il aura un sucre ; et quand le chat, qui n'a plus peur du panier, puisqu'on a pris l'habitude d'y déposer son repas, comprend qu'une période d'enfermement peut être suivie d'un très agréable séjour à la campagne, la vie chez ces curieuses créatures qui marchent sur deux pattes leur devient plus intelligible, plus simple, moins stressante... voire une partie de plaisir avec toutes ces récompenses qui affluent !
L'animal qui nous obéit, si son dressage est fait dans la douceur et la confiance, ne trouve pas cela pénible, ni même anti-naturel. Les scientifiques peuvent les appeler " leader ", " dominant " ou " alpha " : parmi les animaux, il y a de toute façon ceux qui imposent leurs décisions et font respecter leurs lois... Dans le dressage, ce sera vous !

Dresser les animaux est bien sûr excellent pour nous. C'est quand même beaucoup plus agréable d'avoir, par exemple, un chien qui revient quand on l'appelle, fait ses besoins dans le caniveau et ne menace pas de tuer le facteur à chaque fois qu'il sonne à la porte... Plutôt qu'un animal qui nous interdit l'accès du canapé et nous extorque la moitié de notre assiette !

Surtout, dresser un animal permet d'établir des rapports privilégiés et uniques entre lui et nous.
L'humain observe son animal pour voir ce qui va le faire réagir : ça alors ! Ce lapin adore les raisins secs ! L'animal observe son humain, puisqu'il sait qu'un comportement correct va être récompensé : voyons, qu'est-ce qu'il veut aujourd'hui ? Que je fasse le beau ? Que je me roule par terre ? Peu à peu l'humain et l'animal se mettent à se comprendre aux signes les plus infimes : plissement d'un œil, esquisse de sourire, minuscule indication d'un doigt...

Bien sûr, tout comme on n'apprend pas l'anglais en dix minutes, ce niveau de communication avec un animal ne s'obtient pas instantanément. C'est peu à peu, étape par étape, en l'observant, en vous trompant, en recommençant, que vous parviendrez à franchir la barrière des espèces... et qu'un jour vous vous apercevrez que, ça y est...
Vous parlez aux animaux !