Résumé
À travers une narration captivante, un langage percutant et une critique acerbe, Amir Taj El-Serr nous plonge dans un roman riche en histoires issues de la campagne soudanaise, où il explore les caractéristiques sociales et les coutumes qui façonnent la communauté. Les ragots colportés par un réseau de mensonges, alimenté par les femmes du village jouant le rôle d'entremetteuses, les surnoms, les scandales, l'impatience et la répression sexuelle, la glorification des figures d'autorité, les comportements des politiciens, ainsi que les contrastes frappants entre richesse et pauvreté, les conflits quotidiens, l'envie, les atteintes à la vie privée, la colère, le ressentiment, l'impolitesse et les querelles internes - telles les disputes de longue date entre deux tribus pour un lopin de terre - sont autant d'aspects sociaux et humains qui traversent le récit.À travers des personnages comme Kalb Al-Harr (Chien de chaleur), le chauffeur de camion rêvant d'évasion ; Shakher Swar, le mendiant du village et charlatan retraité qui perçoit les secrets et brise les sorts ; Shuaib Al-Takruri, le sorcier en quête d'un amuseur ; et Dawood Aqra'a, l'ecclésiastique du village dont la maxime est : « Frapper l'abattu est un péché», l'auteur peint des portraits de personnalités sociales, politiques et religieuses, inspirées de la réalité soudanaise, exposant des vérités et déconstruisant les masques.Dans un récit marqué par l'humour noir, l'auteur évoque des événements historiques majeurs, tels que les campagnes militaires et les luttes contre le colonisateur britannique durant l'époque du Mahdi Muhammad Ahmad Ibn Abdallah Ibn Fahl, leader de la révolution mahdiste, ainsi que La Famine de 1888. Il retrace aussi la transition du pays vers « la modernisation » et « l'ouverture », influencée par des forces culturelles venues des villes et arrivées jusque dans les campagnes, que ce soit à travers les nouvelles tendances musicales, la libération des femmes, la mode hippie, les coiffures ou les évolutions des moyens de transport, sans oublier les parfums et les chansons les plus populaires. Awra Fil Jiwar (L'Aurah d'à côté) est un dévoilement audacieux de l'amère réalité.