Le paris de proust par céleste

« M. Proust faisait brûler de la poudre de fumigation parce qu'il souffrait terriblement de l'asthme, je ne m'attendais pas à ce nuage. La chambre était très vaste, et pourtant elle en était pleine et toute épaissie. Il n'y avait d'allumée qu'une lampe de chevet, qui donnait une petite lumière, verte à cause de l'abat-jour. J'ai vu un lit de cuivre et un pan de drap, avec le vert de la lumière sur le blanc, là où elle le touchait. De M. Proust, je ne distinguais que la chemise blanche sous un gros tricot et le haut du corps adossé à deux oreillers. La figure était perdue dans l'ombre et dans le brouillard de la fumigation, complètement invisible, à part les yeux qui me regardaient, je les sentais plus que je ne les voyais. ... Céleste a vingt-trois ans et vient de s'installer dans la vie de Proust, au 102, boulevard Haussmann. Elle est auprès de lui, à son service, jour et nuit, rédigeant sous sa dictée, rassemblant et vérifiant ses informations, sauf quand il l'envoie remettre ses livres aux écrivains et aux journalistes éparpillés entre le Faubourg Saint-Honoré, la plaine Monceau, les Grands Boulevards. Elle introduit auprès de son maître le Quatuor Poulet qui vient jouer de la musique à son chevet... Céleste Albaret, l'assistante et « l'amie de toujours » de Marcel Proust, veilla avec dévotion durant les huit dernières années de la vie de Proust, sur le confort et l'oeuvre de celui qu'elle considérait déjà comme un écrivain de génie. Jocelyne Sauvard s'est glissée dans l'ombre de Céleste, boulevard Haussmann, pour la suivre au service du grand homme et l'accompagner dans ses déambulations à travers le Paris de leur nuit, multiple, mystérieux et secret.Elle nous raconte.