Résumé
Ce siècle - l'autre - qu'en a-t-on arpenté ? Le second versant tout au plus, et chaotique. Pourtant il nous semble l'avoir, dès la première enjambée, parcouru. C'est que nous ne marchons jamais seul : nous nous essoufflons toujours dans les pas de nos pères, mêlant notre humble respiration dans le grand souffle du monde. Hugues Moussy n'a rien fait d'autre que de chausser les guêtres d'un grand-père pour s'embourber dans l'Est, à l'heure de la « longue année » ou, dans les sixties, les lourds rangers du Che, chassant devant lui la nuit.
Ce siècle - celui dont nous venons - le souvenir encore nous en reste-t-il ? Le film pourrait défiler, de nos espoirs et de nos peurs, de nos terreurs et de nos épouvantes, sans que rien ne l'arrête. L'Histoire, à l'aune de laquelle Hugues Moussy jauge nos vies, ne fut pas avare de mythes. Ils sont l'imagerie invisible du poème tant, d'images, nous en fûmes abreuvés. Pour dire ce que fut ce siècle d'images, c'est un siècle de mots que l'auteur réveille. Apollinaire dans les limbes du temps présent, la Russie telle que la rêva Cendrars, Aragon jeune et jusque vieillissant car il est des fidélités auxquelles un certain courage ne messied pas - « il y des choses que je ne vous laisserai pas dire » [1976], les révolutions, les guerres de libération, les prophéties et leur déni. Cela pour l'aventure sociale. Nabokov et Sue Lyon pour le battement jazzy du sexe qui vient, alors qu'on en finit avec les démons colonialistes, en même temps que la musique et le cinéma : c'est l'heure de parler de soi - c'est-à-dire des autres puisque le mentir vrai fait craquer le « je » autobiographique.
Je ne sais ce qui me touche le plus dans la légèreté de ce texte. Sans doute que, parlant du monde, Hugues Moussy nous parle de nous : Allende, par exemple, pour qu'à jamais le 11 septembre marque l'automne de nos illusions - « vous qui savez qui êtes revenus des mots des grands mots » [1973] ; et que, évoquant l'intime de son narrateur, il nous dise tout aussi bien la marche du monde : « j'ai vu le mur le mur gris de béton fermant la ville [...] le flot les longs marteaux sortis mais d'où ? et l'esprit des Lumières enflammé parcourant du regard l'aurore » [1989]. Façon de dire : nous ne faisons qu'un avec le siècle, il nous empoigne mais nous aussi nous devons l'alpaguer.
Un auteur encore, ici absent mais nous en avons souvent parlé entre nous, qui nous est précieux, à lui et à moi, par la modernité de sa langue immémoriale et parce qu'il dit si bien que ce qui fonde l'Histoire, ce sont ces Vies minuscules dans quoi nous croyons souvent nous débattre quand nous en écrivons la geste : Pierre Michon. Il aimerait les cahiers noirs du grand-père, il aimerait la mémoire indomptée de Moctezuma, il aimerait, plus que tout, l'incessant combat contre le dragon.
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Petit vehicule |
Auteur(s) | Hugues Moussy |
Parution | 25/06/2009 |
Nb. de pages | 138 |
Format | 15.2 x 21.3 |
Couverture | Relié |
Poids | 250g |
EAN13 | 9782842736965 |
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