Résumé
Les moucherons relate un double bouleversement, collectif et personnel : la psychose des années covid et ma fréquentation inattendue des hôpitaux après la détection d'une tumeur. Les deux sont liées dans mon esprit non seulement par concomitance, mais aussi causalité. Événement sans précédent, la crise covid demeure, plusieurs années après son déclenchement, un grand non-dit de la littérature, n'y apparaissant souvent qu'en arrière-plan, sans déroger à une doxa dans laquelle, pourtant, des millions de personnes traumatisées, dubitatives ou incrédules, ne se reconnaissent guère (et de moins en moins à mesure que se lézardent les certitudes d'hier), ayant bien souvent vécu douloureusement une tout autre histoire qu'il convient donc de raconter, faute de quoi ce point aveugle, si vertigineux, deviendra le creuset des pires rancoeurs et des plus cuisants tourments. Témoignage d'une expérience qui est peu ou prou celle d'innombrables Français, ce récit intime entend soulever, au gré des péripéties, le pansement appliqué à la hâte sur des blessures toujours à vif, dans l'espoir de les dissimuler, sinon de les nier. Une invasion de moucherons, survenue dans mon appartement durant cette même période, m'est apparue comme la parfaite métaphore du chaos et de la maladie, à partir de laquelle cheminent des réflexions tantôt graves, tantôt drolatiques, sur l'autoritarisme, le corps, les sentiments, la médecine et la mort.