Les prosopopées indécachetables

Un jeune homme de poésie, que tout avait détruit, a écrit pour remettre à plus tard son suicide. Il ne voulait pas être ; mais il livre ici toute son âme nue, sans identité aucune. Tout son être s’y trouve ; nulle part ; ce poète, qui, ne se suicidant pas, avait écrit !
Il place sous vos yeux une révolte poétique d’une rareté féroce : En ce début de notre siècle perdu, une nouvelle décadence édifiante s’exprime, monumentale et humble. Étant déchiré par une géographie et une Histoire qu’il n’ait point choisies, ce poète libanais maudit chante la vieille France d’autrefois comme personne, aristocratiquement. Et du fond des siècles ensevelis jaillissent ses folies ténébreuses, ses cris diaboliques, ses blasphèmes empoisonnés et ses prières catholiques.
À travers toutes les Écoles de la Poésie française, il voyagea dans les siècles, depuis le Baroque, le Classique et le Gothique, avant d’aboutir au port de la modernité, d’où, mystiquement, il annonce une poésie d’avant-garde. C’est, au fond, une théorie linguistique de grande poésie hermétique que couronnent les dernières pages du recueil de manière inattendue.
Allant de scènes orgiaques scabreuses jusqu’aux rédemptions catholiques priant le Christ-Homme, dans un style à la fois aristocratique et rebelle, ces poèmes siéent aussi bien aux érudits graves, auxquels ils offrent comme un bain de jouvence fait de vin et de sang, qu’aux adolescent(e)s à qui ils proposent une érudition voluptueuse et un plaisir intarissable.
Occulte de catholicisme noir, parnassien et postmoderne, macabre et honnête, Nabih Youssef Saad, sous son nom de plume, Fabiansé D’Houssay, esquisse, par ces poèmes vertigineux et misanthropiques, la genèse de la première école poétique de notre siècle naissant, fruit de tous les siècles révolus et annonciatrice des écoles futures, que l’on ne pourrait qu’appeler « le mutilationnisme. ».