Pierre repp. bégayer, exister, écrire

Ça commencerait comme une devinette : qu'est-ce qui pourrait bien, non seulement rapprocher, mais unir fermement Jacques Lacan et Louis de Funès, Gilles Deleuze et Michel Drucker, Michel Foucault et Pierre Richard ?
Plus encore, qu'est-ce qui ferait que la pensée du philosophe Dany-Robert Dufour et le présent essai auraient à dialoguer, à penser et à rire dans le même sens ?
La réponse est Repp, Pierre Repp, le comique bafouilleur qui hanta les salles et les écrans durant près de quarante années, au siècle passé.
Car, qui de nous n'a jamais eu la langue « ficourche » ou, plus correctement, la langue qui fourche ? Cette évidence qu'on ne parvient jamais à dire vraiment ce que l'on voulait dire, Pierre Repp l'a ressassée dans des apparitions aussi fugitives que marquantes.
C'est le grand mystère de cet art hors norme que Le Golvan s'attache à percer, convoquant sans ségrégation les penseurs les plus réputés aux côtés de figures de la culture populaire pour, tout simplement, dire et penser notre humaine nature d'être parlant.
Ainsi, raconter un artiste mineur et son art oublié, c'est sans doute pour Le Golvan plus qu'un défi d'enquête et de rencontres inouïes, c'est traverser plus qu'une vie, c'est questionner plus qu'une mémoire vivante au miroir de son texte. C'est finalement dire l'écriture elle-même.
Pierre Repp est un biogressai, une bio, un essai et un texte d'ogre, littéraire.
Comme l'écrit en préface Dany-Robert Dufour : « En somme, la panique théorique de Le Golvan répondrait à la désopoilante panique pratique de Repp. »
A l'heure où tant de populistes prononcent haut et fort le divorce culturel entre le peuple et les élites, Pierre Repp se veut également un acte politique.