Al basse ôs rin·nes

Arrivé au crépuscule de son existence, Florent est un homme heureux. Il n'a qu'un seul regret : il aurait tant voulu écrire et partager sa philosophie de joie de vivre. Il ressent le besoin de se confier comme une urgence. Lisa, sa fille sera d'abord l'oreille attentive, ensuite la plume de son histoire. Le récit prend ses racines, après la guerre 14-18, lors de l'arrivée, dans un petit village du Brabant Wallon, des parents de Florent, émigrés de Campine partis à la recherche d'une vie meilleure. C'est à Céroux qu'il verra le jour. Il finira par s'installer, sa famille et lui, à « Al Basse ôs Rin·nes ». Ce lieu-dit semblait l'attendre. C'est là, dans la maison du garde-chasse, à l'ombre de la Tour de Moriensart qu'il ancrera profondément ses racines. Entouré de ses parents, de Théodore, le frère et l'ami, Florent grandira entre une vie d'écolier doué et celle de paysan attaché à la terre, aux chevaux et aux traditions villageoises. Son quotidien sera fait de devoirs, de punitions, de cueillettes, de plantations, de chevauchées, de braconnages et de travail à la ferme. Constatant que sa famille ne possédait pas grand-chose, vivant à la limite de la pauvreté, il aura toutefois le sentiment de ne pas manquer de l'essentiel. Dans cet univers campagnard, Elvire, la mystérieuse, fille de fermiers voisins, apportera une touche de féminité, de fraîcheur et de sensibilité. Elle participera à l'éveil des sens des deux frères. La Deuxième Guerre mondiale éclatera et la famille sera poussée à l'exode sur les routes de France. Florent accompagnera son père qui s'occupera de protéger les chevaux de trait de la ferme du château de Moriensart. Théodore, contraint et forcé, rejoindra les centres de recrutement de l'armée belge. Elvire embarquera à bord d'une automobile en direction du sud, sous la responsabilité de Léa, leur mère. Tous seront confrontés aux bombardements, à la peur, à la faim, à l'inconnu de l'exil. La réalité de la guerre les projettera dans la vie d'adulte. Lorsque la Belgique capitulera, rapidement nos trois jeunes gens se retrouveront au quotidien dans l'univers de Al Basse ôs Rin·nes. Anne la fille de la ville, intrépide, viendra rejoindre le trio. Chacun entreprendra sa lente métamorphose que la vie sous l'occupation distillera en eux. Ils seront tantôt acteurs, tantôt spectateurs du marché noir, de la présence ennemie, de l'aide à la résistance. Autant d'expériences de vie où s'insinueront des fils solides à travers la trame de leurs relations amicales et amoureuses. Malgré les drames, les déceptions, les secrets inavouables, Florent sera inlassablement habité par le désir du bonheur. Il en sera le gardien, le protecteur. Il s'en fait la promesse. Sur fond de décor de fin de guerre, chacun prend place : Florent aime Anne, Théodore épouse Elvire, Anne et Elvire sont amies pour la vie, Florent et Théodore sont frères. L'ombre de Al Basse ôs Rin·nes n'est jamais bien loin. Florent veille secrètement à la pérennité de ces liens d'amitié. L'avenir s'offre à eux. Ils quitteront leur campagne, chacun suivra sa destinée. Pour Théodore, le métier de mécanicien le pousse à entrainer Elvire dans une aventure française. Là où tout a commencé pour eux. Florent, quant à lui, devenu ouvrier d'usine s'installera avec Anne à la ville. Chacun fondera une famille. Alors que le malheur s'abattra sur le foyer de Florent et Anne, les liens d'amour fraternel et d'amitié éternelle de Théodore et Elvire les envelopperont. En dépit des difficultés matérielles, affectives et relationnelles de Florent, son désir du bonheur, il le vit ! Suivons sa trace, marchons sur ses pas.