Résumé
BONNES NOUVELLES DE ROUMANIE Rien de ce pays ne nous laisse indifférents. Faut-il le maudire ou l'aimer ? Au coeur d'une littérature où la poésie est reine, le génie de ces nouvelles est de le «dé-couvrir», de débusquer les blessures de l'Histoire récente et d'animer une galerie de personnages fantasques, drôles, inventifs... engagés dans un combat sans trève avec le quotidien. Roumanie : pays (lointain) de l'est dont on entend parler de temps à; autres, le plus souvent concernant des sujets (ultra) sensibles (ici et là;). La Roumanie a rejoint l'union européenne en 2007, mais n'est pas encore dans la zone euro ni dans l'espace Schengen. Elle est confronté à une crise qui semble bien installée. Les mesures d'austérité (salaire moyen net maintenu à 330 euros, hausse de la TVA, baisse des retraites...) se multiplient et pèsent lourdement sur la vie des Roumains ; le système social et sanitaire est en dégradation constante ; les intellectuels et chercheurs quittent le pays, pendant que d'autres, que l'on surnomme les cueilleurs de fraises, partent travailler en Italie ou en Espagne. La corruption continue d'infiltrer la société à tous les niveaux... de l'hôpital où le patient glisse souvent une enveloppe au chirurgien, à l'école où les enseignants reçoivent des cadeaux de parents soucieux de l'avenir de leurs enfants, sans parler de certains hommes d'affaires ou politiciens qui vivent royalement grâce à ce procédé. Mais la Roumanie est un pays qui mérite d'être visité, vu, entendu, lu... car elle est le pays de l'ambivalence, des extrêmes, des passions, de l'endurance... un pays que certains haïssent et d'autres adorent. En ce qui me concerne, j'aime Bucarest la « mal aimée », j'aime son peuple généreux et courageux, j'aime son architecture, j'aime sa vie culturelle éclectique, j'aime sa folie... tout ce que les photos d'Ileana Partenie traduisent si bien. Et j'aime sa littérature.Les dix nouvelles que je vous propose vous invitent à faire connaissance avec des écrivains qui font aujourd'hui toute la saveur de la littérature contemporaine roumaine. Certains ont déjà derrière eux une oeuvre renommée et sont traduits à l'étranger : Gabriela Adamesteanu, Radu Cosasu, Mircea Nedelciu, Razvan Petrescu. D'autres ont suscité l'enthousiasme de la critique et déjà l'intérêt de quelques éditeurs étrangers, d'autres enfin sont à leurs débuts. Tous ne manqueront pas de séduire, nous le souhaitons, les lecteurs et les éditeurs français... Il n'existe pas en Roumanie une tradition de la nouvelle, et ces écrivains sont davantage connus par leur poésie ou leurs romans. Voici le qualificatif qu'a choisi Marius Chivu, dont vous lirez l'interview dans les pages suivantes, pour les définir. Mircea Nedelciu : sophistiqué ; Gabriela Adamesteanu : politique ; Florin Lazarescu : curieux ; Lucian Teodorovici : ingénu ; Ana Maria Sandu : fantaisiste ; T.O. Bobe : ironique ; Radu Cosasu : essentiel ; Razvan Petrescu : culte ; Filip Florian : méticuleux ; Laurentiu Bratan : étrange. Le mien sera collectif : talentueux;