Ces lointains si présents

Je ne veux pas changer les couleurs du temps : elles ne seraient ni si belles, ni si inattendues. Mais telles que la vie me les a faites, me les laisse dans la mémoire, je voudrais les y conserver. Avec la nuance des jours, des paroles, des sentiments, je retrouve ce que je veux, comme il fut, pour m'en réjouir, réfléchir dessus à cette occasion, jouer, à partir des événements, leur refaire une suite, une autre, pour revenir à ce qui fut, le ruminer, le mieux revivre. Là, je retrouve ceux qui infléchirent, modelèrent, quelquefois formèrent, en tout cas enrichirent ma propre vie. De joies, d'exemples, de conseils, de paroles, de rires, d'aides dans l'épreuve, de mille façons, présents, absents, en tout cas amicaux, ils ont comblé puis aidé ma barque à voguer. C'est de me souvenir que se parfait mon hivernal automne. Merci, amis restés si miens ! La gitane que je connais aux Saintes-Maries-de-la-mer, qui m'aime à la mesure de ce qu'elle m'exploite, que j'aime à la mesure du plaisir, toujours neuf, que je prends au lyrisme jaillissant de son verbiage, m'a dit : Mets un peu plus dans le creux de ma main, et pense à ce que tu souhaites secrètement. Je te l'aurai ! Je ne souhaite que de me souvenir. Je l'ai, sans elle, mais je la remercie de m'y avoir fait penser de nouveau, puisque voici, pour ma solitaire délectation, ces lointains si présents. Je souhaite, aux vôtres, la même présence et, en vos cœurs amis, lecteurs, la même joie.