En 1682, le royaume de France proclame la prise de possession de la vallée du Mississippi, amorçant la fondation de la colonie de la « Louisiane ». Durant près de quatre-vingts ans, y prime une dynamique de cohabitation et d'alliances avec les nations autochtones qui demeurent majoritaires et souveraines. Ce numéro de Gradhiva invite à reconsidérer le récit historique conventionnel centré sur l'expansion impériale européenne, pour lui redonner toute sa profondeur et sa complexité en relatant la vivacité et l'autonomie des sociétés amérindiennes.
Les contributions réunies ici s'appuient sur des sources rares et encore peu exploitées, des cartes historiques et des objets produits au 18e siècle par des artistes autochtones, dont les exemples conservés, souvent uniques, se trouvent pour la plupart en France. Dans une démarche collaborative, ce numéro est le fruit d'une réflexion conjointe entre chercheurs français et amérindiens, issus de quatre nations anciennement alliées de la France : la Choctaw Nation of Oklahoma, la Quapaw Nation, la Miami Tribe of Oklahoma et la Peoria Tribe of Indians of Oklahoma.
Ce dialogue entre disciplines, langues et mémoires donne lieu à une lecture plurielle et renouvelée des sources écrites et matérielles, devenues par ailleurs aujourd'hui les piliers d'un vaste mouvement de revitalisation culturelle. Qu'il s'agisse de la réactivation des langues, des savoir-faire artistiques ou des relations à l'environnement, plusieurs chercheurs et porteurs culturels autochtones livrent ici leur point de vue sur l'articulation entre passé colonial, matérialité des objets et dynamiques de renouveau culturel.
En faisant résonner les voix d'hier et d'aujourd'hui, ce numéro montre combien l'histoire, loin d'être figée, continue d'être activement façonnée par celles et ceux qui en héritent.