Il y aura des premiers

- Et vous ne pensez pas qu'un jour...
- Quoi donc ?
- Ce régime aura une fin.
- J'ai beau l'espérer, j'en arrive à douter.
- Les salauds payent tôt ou tard.
- Les vrais tyrans peut-être.
- Ah ! parce que...
- La dictature ici est larvée. D'autant plus redoutable qu'elle avance masquée et garde les dehors d'une démocratie. Nos gouvernants sont élus au suffrage universel, ne l'oublions pas. Ils appliquent des lois votées au Parlement par des représentants du peuple. Et ce peuple, dans son ensemble, cautionne cette politique. On l'a caressé dans le sens du poil.

Traverser le désert, débarquer, se cacher... Kalem reprend, vingt ans après, son état de migrant. Que vient-il donc chercher, qu'a-t-il en tête, pour retourner là-bas ? Que s'est-il passé à l'époque qui l'oblige à revenir ?
Une force le pousse, l'oblige. Il a pourtant longtemps hésité, longtemps pesé les risques, mais ce désir qu'il porte en lui, ce désir qui ronge ses nuits, a fini par avoir le dessus : il doit y retourner, sa vie en dépend - c'est là-bas qu'il a rendez-vous... Avec qui ? Le destin ?
Là-bas, destin ou pas, il pourra s'alléger du poids de mort qui pèse en lui.

Ce livre parle de migrants et de persécutés. Sur fond de politique-fiction, il montre combien nos démocraties sont fragiles et peuvent muter, pas à pas, vers un totalitarisme larvé. Mais aussi et d'abord, il sonde l'âme humaine et les choix qui s'imposent à chacun : entre repli identitaire et élan d'humanité, entre collaboration et insoumission, entre vengeance et pardon.