L'eau et le sel

Un jeune homme désœuvré, errant un dimanche dans Paris le long du canal Saint-Martin, suit une paire de jolies jambes qui le conduisent dans un lieu inattendu : une milonga, un dancing à tango. Au gré de rencontres curieuses, repoussantes, fascinantes, le héros, Thès, est intéressé, puis dévoré par le tango qui lui ouvre un chemin de reprise de contact avec la vie. Dans chaque chapitre, un ou des protagonistes successifs livrent leur vision du tango et celle qu'ils ont de Thès, l'apprenti tanguista, dans des remémorations, des dialogues, des récits contrastés et surprenants. Le tango devient une thérapie, un moyen de se connaître, d'élever le corps et l'esprit, une mystique. C'est aussi, pour le lecteur, la révélation du monde mystérieux des milongas et des grands danseurs, une ouverture sur l'Argentine, pays du tango, où se termine le conte. Pour les tanguistas, c'est une approche nouvelle et très positive de leur art :



"Ce soir-là, l'ambiance est prometteuse. La première valse qui a lancé la milonga est Suavemente de Rodríguez, une orchestration plus enlevée que celle de Canaro. Du coup, nous avons accompli nos sept tours de piste en guise d'échauffement... surtout pour passer le temps, car nos amis se font attendre. D'ennui, j'agite la salière au-dessus d'un verre d'eau. Au grand étonnement de ma femme, j'observe les cristaux tomber lentement et se dissoudre avant d'atteindre le fond. Je relève la tête et lui souris : "Le féminin et le masculin en osmose ; l'un ne va pas sans l'autre ; c'est ça, le tango !"".

Gabriel Attic (pseudonyme, il est né en 1969) pratique et enseigne le tango depuis sept ans. Le reste du temps, il est historien des religions