La dynamique de l'identité locale dans le processus de décentralisation au cameroun

Depuis les années 1990, les politiques de décentralisation ont connu un intérêt renouvelé dans les pays du tiers-monde. Nonobstant les nombreuses recherches dont elles ont fait l'objet, leur impact dans les sociétés locales reste à explorer, en raison de la prédominance des approches normatives et juridico-administratives. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'étude des effets sociopolitiques induits par la décentralisation dans le monde rural au Cameroun qui s'avère d'autant plus nécessaire que se sont succédé des réformes, ayant pour but de redynamiser ledit processus, dans une société aussi dynamique et miniaturisée qu'est le Cameroun. La question relative à la dynamique de l'identité locale dans le processus de décentralisation au Cameroun s'avère être une réflexion révolutionnaire qui rompt avec les considérations stato-normatives de la gestion des entités territoriales, tout en intégrant les spécificités locales dans la mise en œuvre des politiques de gestion et d'administration locale. Pour y répondre, une analyse concrète des pratiques et perceptions des acteurs en matière de décentralisation est entreprise. Si la décentralisation est le reflet des réalités locales d'identification, peut-on dire que les collectivités territoriales décentralisées sont le reflet des réalités identitaires dans la structuration dudit processus ? L'analyse de ces données révèle, d'abord, que la décentralisation constitue un système institutionnel d'opportunités et de contraintes en face duquel des acteurs (l'État et les collectivités territoriales), aux légitimités hétéroclites, mettent en œuvre des pratiques polymorphes, opportunistes, hybrides et informelles pour se prévaloir. Elle montre ensuite comment les divers pouvoirs mènent des jeux d'influence, de conflits et d'alliances en vue de contrôler les ressources locales. Étant donné qu'ils participent de la résurgence des rapports de domination d'antan, ces jeux de pouvoir affectent l'autonomisation et la démocratisation du processus décisionnel. Enfin, les résultats indiquent que les actions des entités locales sont sous-tendues par une volonté forte de faire prévaloir, par le moyen de leurs ressources et de leur diversité, leur autonomie.