La Suisse romande

Dire, comme certains le prétendent, que « la Suisse romande n'existe pas » revient à dire que « la Suisse n'existe pas » ; c'est une provocation car elles coopèrent depuis le moyen âge, liant ainsi leur destin, aujourd'hui encore commun. Cette coopération, telle une histoire partagée, prend naissance sur le Plateau et lie « pays romands » et « pays allemands » : ce sont les combourgeoisies de villes ; la première est conclue au 13ème siècle déjà, alors même que les mots « Schweiz » et « Suisse » n'existent pas encore ! Le premier canton romand, Fribourg, est fondé au 15ème siècle (1481) ; le sixième, le Jura, l'est au 20ème (1978) ; un demi-millénaire sépare ces deux dates ; c'est dire la lenteur de la soudure, sur pied d'égalité, entre Suisse romande et Suisse alémanique ; cette évolution est inachevée : la région francophone du canton alémanique de Berne ne jouit pas (encore) du statut de canton souverain ; les autonomistes ont l'Histoire pour eux, à condition d'être patients...Cette longue histoire commune fait que Romandie est fille d'Helvétie : l'une et l'autre sont unes et diverses ; telle mère, telle fille ; le lien de famille n'exclut pas les tensions voire les crises. Il n'y a, historiquement, ni peuple romand ni nation romande ni Etat romand, mais, il y a bientôt deux siècles, est apparue l'expression de « patrie romande », révélatrice de la prise de conscience d'une identité romande ; cette identité s'affirme depuis lors par la collaboration des cantons romands dans la défense de leurs intérêts communs ; en témoigne, dès le début du 19ème siècle, la signature de multiples concordats et autres accords intercantonaux. L'ancienneté et la solidité du lien entre Suisse romande et Suisse alémanique sont gages d'avenir de la Confédération, fratrie de vingt-six membres ayant en commun cinq langues nationales : l'allemand, le français, l'italien, le romanche et ... l'anglais !