Le bousin

Un principe fondamental du droit est celui de l'indépendance juridique des personnes. C'est la raison pour laquelle aucun individu n'a d'obligation juridique envers un autre individu s'il n'a voulu avoir ces obligations ou, du moins, s'il a accepté de les avoir. C'est en application de ce principe fondamental que l'adhésion au Contrat social est volontaire. A l'origine, les hommes vivent à l'état de nature. Cependant, à un moment donné, certains de ces hommes qui vivent à l'état de nature estiment que la vie à l'état civil présenterait nombre d'avantages par rapport à la vie en société.Seuls ceux qui décideront d'adhérer au Contrat social y seront compris et feront partie de la société. Ceux qui n'ont pas accepté le contrat continueront à vivre à l'état de nature. Ils ne passeront pas de l'état de nature à l'état civil. « L'association civile est l'acte du monde le plus volontaire ; tout homme étant né libre et maître de lui-même, nul ne peut, sous quelque prétexte que ce puisse être, l'assujettir sans son aveu. »Ceux qui ont refusé le pacte ne sont pas parties au contrat social. Ils ne sont liés par aucune des clauses du pacte. Leur liberté reste une liberté naturelle. Ils vivent à l'état de nature sans être assujettis à la volonté générale des membres de l'association civile.Toutefois, poursuit Rousseau, quand l'État est institué, les individus qui vivent à l'état de nature sur le territoire sont supposés avoir consenti au pacte social du fait de leur résidence sur le territoire. Et comme ils sont supposés avoir consenti au pacte, ils sont également supposés s'être soumis à la volonté de ceux qui ont constitué une association civile.« Quand l'État est institué, le consentement est dans la résidence ; habiter le territoire, c'est se soumettre à la souveraineté. ». Livre IV, Chapitre 2, Des suffrages.N'y a-t-il pas là un paradoxe et une incohérence ? Par quel tour de magie des hommes qui vivent à l'état de nature peuvent-ils avoir été intégrés à la vie en société sans y avoir consenti ?