Les Andalousies de Damas à Cordoue

S'il est un thème pour saluer l'aube du troisième millénaire, celui de l'Andalousie, qui connut précisément son apogée en l'an mil sous le prestigieux califat des Umayyades de Cordoue (929-1031), est l'un des plus fédérateurs et l'un des plus éclairants. Entre le VIIIe et le XIIe siècle, l'Espagne musulmane, enrichie par l'apport des techniques et des arts de l'Orient, bénéficiaire du savoir de l'Antiquité qu'elle retrouve et traduit, développe une culture originale, bien supérieure à celle de l'Europe de son temps. Cette réussite, elle la doit à toutes les communautés - musulmane, chrétienne ou juive - qui vivent sur son soi et qui contribuent à son développement et à la fécondité de ses échanges. La société hispano-arabe, ouverte à toutes les influences et comme heureuse de sa diversité, offre un modèle de coexistence à l'Occident médiéval que celui-ci ne parviendra pas à reproduire. Plus tard, après l'achèvement de la Reconquista, elle sera toujours évoquée avec nostalgie. Cette référence à un monde composite et réconcilié donne au nom d'Andalousie le charme d'un jardin interdit et la valeur universelle d'un nom commun. Si l'histoire politique de l'Andalousie s'interrompt en 1492 avec la prise de Grenade, celle de sa civilisation qui, à bien des égards, prépare le mouvement intellectuel de la Renaissance, se prolonge et loin dans le temps et l'espace européens. Reflet de l'exposition Les Andalousies, de Damas à Cordoue, organisée par l'Institut du monde arabe, le présent ouvrage traite successivement des héritages (arabo-musulman et wisigoth), de l'an mil en Espagne du point de vue historique, politique et social, avant de se consacrer à l'art de califat et des royaumes de taifas : architecture et objets d'art, poésie et musique andalouses, rayonnement des sciences.