Pour la science N°284 Juin 2001

Il existe deux attitudes. Dans la première, les scientifiques prévoient un phénomène sur la base des théories existantes et mobilisent leurs facultés pour l'observer. Dans la seconde, les physiciens sont confrontés à des manifestations naturelles existantes et tentent d'en découvrir les régularités, avec l'armada des lois de la physique et des instruments d'observation. Tel est le cas des éruptions et des éjections solaires (voir les deux articles sur Les fureurs du Soleil, pages 45 à 61).
La mécanique du Soleil est d'une extrême complication : elle fait intervenir des courants et les champs magnétiques associés, des particules accélérées, et l'intégralité du spectre électromagnétique interagit avec la matière turbulente : toute la physique est mobilisée dans le fonctionnement du Soleil, et il est difficile d'extraire le paramètre explicatif déterminant, rêve du physicien - et aussi du vulgarisateur - qui souhaitent tous deux présenter le modèle illustratif le plus dépouillé. Les physiciens utilisent différentes modélisations compatibles avec les observations de la photosphère solaire, de la plus simple à la plus compliquée, et examinent pour quelle modélisation apparaissent, à travers les calculs, les caractéristiques des éruptions ; ils séparent alors le bon grain de la physique prédominante, de l'ivraie de l'accessoire, et approfondissent les détails du modèle adéquat.
Ainsi le Soleil n'est pas un astre tranquille : la combustion du matériel nucléaire engendre des concentrations d'énergie et des turbulences dans la couronne, qui explosent en émettant des bouffées de matière et de rayonnements. Parmi la centaine d'éruptions solaires mensuelles, en moyenne une pourrait être aussi néfaste, pour les appareils électroniques, que l'orage magnétique qui, en 1989, a mis en parme le système de distribution d'électricité au Québec. Il est hors de question d'agir sur les mécanismes solaires, mais les météorologues essayent de les prévoir pour en prévenir les effets. Ceux-ci seront toujours plus dommageables : l'électronique miniaturisée ne niet en oeuvre qu'un petit nombre d'électrons, caractéristique qui la sensibilise aux bombardements de particules.
Comme la météorologie terrestre pour le marin, la météorologie de l'espace est une nécessité pour l'électronicien, et il faut un grand courage intellectuel pour en explorer les lois.

Sommaire

• Bloc-notes
• Sciences et économie
• Tribune des lecteurs
• Science et gastronomie
• Point de vue
• Présence de l'histoire
• Perspectives scientifiques
• Visions mathématiques
• Logique et calcul
• Art et science
• Idée de physique
• Analyses de livres
• La catastrophe du Bosphore
• Les minéraux et la naissance de la vie
• La régulation de l'acidité dans l'organisme
• La robotique évolutionniste
• Les besoins nutritifs des forêts
• La vie intérieure du proton