Résumé
Résistant à dix-sept ans, médecin militaire en Indochine, puis généraliste en Algérie, pionnier des "French doctors": les mémoires dérangeantes d'un grand témoin du XXe siècle.
De la Résistance à l'armée De Lattre, de la campagne indochinoise au bled algérien, du Biafra à la création de Médecins sans frontières, Pierre Fyot a vécu toutes les grandes convulsions de notre temps et porte sur elles le regard iconoclaste d'un homme de conviction, y compris dans ses paradoxes. Sans rien renier de son passé, sans embellir ni noircir ses engagements et les chemins de traverse que les événements lui ont fait prendre, il nous livre ici une page d'histoire vivante qui met en lumière les contradictions de ces époques troublées. Né à Dijon en 1923 dans une famille de la bourgeoisie catholique, Pierre Fyot vit comme une humiliation la défaite de 1940 et l'occupation nazie. Dès qu'il le peut, il rejoint la Résistance et devient notamment l'un des deux survivants du maquis Voisines. À la Libération, il participe avec l'armée De Lattre aux campagnes d'Alsace et d'Allemagne. En 1947, il s'engage en qualité de médecin dans le Corps expéditionnaire français d'Indochine avant d'être envoyé au Laos. Démobilisé fin 1949, il s'installe comme médecin de l'AMS en Grande Kabylie. Capitaine d'infanterie aux commandos noirs d'Ain-Taya de 1957 à 1958, il reste en Algérie, généraliste à Tizi Ouzou jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance. Au début des années 1970, il est l'un des fondateurs historiques de Médecins sans frontières puis de Médecins du monde, participant à toutes les grandes missions de ces deux ONG. Pourvue d'un sens du romanesque propre aux hommes de cette génération à tout jamais marquée par la guerre, cette autobiographie a tous les ingrédients d'un formidable récit d'aventures: le goût du risque, l'appel des horizons lointains, un héros "tête brûlée" qui a risqué sa vie mille fois pour une certaine idée de la liberté.
Sommaire
Quel fil conducteur relie le sage petit écolier de Saint-François-de-Sales à l'homme que je suis aujourd'hui? Sans doute cette fuite en avant à la recherche de l'explication, je dirais presque la justification, d'être le survivant confronté trop jeune à la dure réalité de la guerre. Dieu sait pourtant que je n'ai point triché à ce jeu de vie et de mort. À vingt ans, l'une et l'autre fascinent. Peut-être aussi n'ai-je été qu'une fontaine lumineuse, reflet des vérités successives, contradictoires, de mon époque. Je m'y engouffrais chaque fois avec la même sincérité, la même ardeur. De la Résistance, du cycle absurde des guerres perdues jusqu'au havre de l'action humanitaire, j'ai foncé. Poursuivant mon chemin, fusil ou sacoche médicale à l'épaule, selon les circonstances. Cohérent dans mon incohérence, j'ai parfois du mal à me reconnaître. Un journaliste me demanda un jour si je courais après les gens pour les soigner ou pour les tuer.Je ne prétends nullement que j'ai eu tort ou raison. À quatre-vingts ans, je ne le sais toujours pas. L'Écclésiaste dit:"Dieu citera en un jugementPortant sur tout ce qui est cachéToute oeuvre, soit bonne, soit mauvaise." J'accepte ce jugement du Dieu de mon enfance. Il m'a oublié par la suite, à moins que ce ne soit moi. Guère eu le temps de penser à lui, la vie passe trop vite. Nous ne sommes pas fâchés, simplement occupés chacun de son côté. Et si son Enfer m'a quelquefois tourmenté, terreur n'est pas amour, oublions-le.Tout au long de mon existence, j'ai vu tant de lâchetés, de reniements, de morts inutiles, qu'il m'arrive parfois de douter: "Qu'est-ce qui vaut la peine de mourir à vingt ans?"Qu'est-ce qui vaut la peine de mourir à vingt ans? Du fond des bois de Voisines, m'apparaissent les visages de mes camarades à jamais immobiles dans leur éternelle jeunesse qu'aucune souillure ne viendra ternir. Je les entends me dire: "La liberté... Les libertés en valent la peine..." De toutes mes forces, je m'y accroche, je veux encore y croire. Mais nous, les rescapés de la barbarie, que faisons-nous de cette liberté qui exige tant de sang? Qu'il est donc loin cet "après" merveilleux de nos rêves du maquis. Oserais-je avouer que dans les moments d'extrême découragement, il m'est arrivé d'envier la pureté de leur fin? Sacrilège, n'est-ce pas, quand on connaît le prix d'une existence et la douleur d'une mort.Je ne voudrais pas terminer cette confession qui est une partie de ma vie, de ma chair, dans la tristesse ou l'amertume. Qu'on me permette une dernière phrase inspirée d'un film de Pagnol:"Ça m'est égal de mourir, mais ça me fait deuil de quitter la vie."Alors, ne geins pas, danse vieil homme, danse tant qu'elle te laissera un grain de folie.
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Robert Laffont |
Auteur(s) | Pierre Fyot |
Parution | 20/01/2005 |
Nb. de pages | 222 |
Format | 13.7 x 21.7 |
Couverture | Broché |
Poids | 292g |
EAN13 | 9782221102732 |
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