Revisiter les modèles socioéconomiques associatifs

Cet ouvrage revisite les différentes approches des modèles socioéconomiques associatifs et propose un cadre d'analyse alternatif appliqué à des champs et secteurs différenciés (socioéducatif - centres sociaux, tiers-lieux entrepreneuriaux et citoyens, insertion par l'activité économique - association porteuse de chantiers d'insertion, dispositif TZCLD) L'ouvrage réalisé par une équipe pluridisciplinaire (économistes, sociologues, philosophe), vise à questionner les formes différenciées prises par le modèle socioéconomique associatif, en proposant une analyse pluridisciplinaire appliquée à trois champs d'activité différenciés dans lesquels les associations employeurs sont particulièrement présentes : • Associations socio-culturelles et socio-éducative (Centres sociaux, Ligue de l'enseignement), • Tiers lieux associatifs, • Dispositifs et associations d'inclusion et d'employabilité (Territoires zéro chômeurs de longue durée, Insertion par l'activité économique). Des publications récentes font état de la genèse, des principes, de la pluralité, de la diversité des formes et des dynamiques d'évolution actuelle des modèles socioéconomiques associatifs. Nous avons, pour notre part, construit un protocole d'analyse de la configuration des modèles socio-économiques (MSE) associatifs avec deux partis pris : tout d'abord en adoptant la posture polanyienne selon laquelle l'économie ne se réduit pas à sa forme marchande ; ensuite en ayant en tête que tout ce qui est économique n'est pas qu'économique. Ces postulats nous conduisent à relativiser la pertinence des modélisations du social business model (SBM) pour comprendre les dynamiques socio-économiques associatives. Définir le périmètre et cerner les contenus des modèles socioéconomiques des initiatives associatives implique au contraire d'appréhender de manière plus complexe et par étapes successives : • la dimension sociopolitique : histoire, finalité politique, valeurs défendues, etc. • la dimension associative : statuts, gouvernance interne, travail salarié / travail bénévole, etc. • la dimension économique : ressources budgétaires, activités développées, etc. Plusieurs résultats nuancent le constat d'une managérialisation et « marchandisation » des associations. Tout d'abord, nous soulignons l'inscription persistante des ressources associatives dans les logiques instituées de redistribution et des dynamiques de réciprocité. Par prolongement, la compréhension des modèles socioéconomiques implique de les étudier à la lumière de leur triple encastrement sociopolitique, historique, territorial et dans l'activité des organisations. C'est pourquoi nous mettons aussi en exergue que le travail et le capital constituent deux impensés de taille dans les théorisations et applications gestionnaires des modèles socioéconomiques, qui viennent s'ajouter à la tendance à invisibiliser la pluralité des dynamiques économiques, l'imaginaire marchand ne permettant plus de penser leur forme multiple. Enfin, l'injonction à la mesure de l'utilité sociale et aujourd'hui de l'impact social à laquelle font face une grande partie des associations est liée à de nouvelles modalités partenariales entre les pouvoirs publics et les associations. L'imposition par les pouvoirs publics de ce glissement sémantique de l'utilité à l'impact pose donc des défis démocratiques cruciaux pour les associations et l'appréciation de leur valeur sociale.