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Voix de femmes au moyen âge savoir, mystique, poésie, amour, sorcellerie
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Voix de femmes au moyen âge savoir, mystique, poésie, amour, sorcellerie

Voix de femmes au moyen âge savoir, mystique, poésie, amour, sorcellerie

Danielle Régnier-Bohler

1056 pages, parution le 07/09/2006

Résumé

Restituer la parole de celles que la censure masculine a voulu faire taire, leur rendre leur créativité, leur originalité, leur diversité, telle est l'ambition de cette anthologie littéraire.

Ce volume recueille l'écho des voix des femmes du Moyen Âge, du XIIe au XVe siècle. Il éclaire la condition féminine dans une période où les femmes semblent trop souvent muettes. Or leurs voix traversent le temps, dans une étonnante diversité et des accents splendides jusqu'ici peu connus. Les femmes poètes, à l'égal des troubadours, chantent le désir et l'attente. Les femmes mystiques parlent de l'indicible, de l'amour sacré, témoignant d'une expérience spirituelle hors pair, faite d'intensité et de flamme souvent charnelle. L'œuvre foisonnante de la grande abbesse Hildegarde de Bingen revit par ses chants, ses lettres et ses visions. De ces expériences singulières, parfois douloureuses, témoignent Marguerite Porete, la béguine brûlée sur le bûcher, Mechthild de Magdebourg, dont l'œuvre éblouissait déjà ses contemporains, Douceline, la sainte occitane, dont la Vie, rédigée par l'une de ses sœurs moniales, est riche d'extases et de miracles. À ces grandes dames de la poésie et de la spiritualité répond la première femme de lettres de notre littérature, Christine de Pizan, qui mit son savoir au service de la société humaine. Intégralement traduites ici, trois de ses œuvres font entendre sa parole plaidant pour l'harmonie et la paix. Mais ces voix lettrées, cultivées et véhémentes, laissent deviner la censure dont la femme fut souvent l'objet. Les Évangiles des Quenouilles mettent en scène, lors de veillées secrètes entre Noël et la Chandeleur, des matrones pourvues d'un savoir singulier, dont les pouvoirs sont parfois proches de la sorcellerie. Et les voix d'hommes, cristallisant les fantasmes d'un "mâle Moyen Âge" (Georges Duby), permettent de mesurer la dureté dont ces femmes furent les victimes et le poids des contraintes auxquelles elles surent échapper, par leur accès à la lecture et à l'écriture. La vérité du Moyen Âge passe par ces voix de femmes, longtemps étouffées, qui brisent les carcans pour se déployer puissamment jusqu'à nous.

Sommaire

10. Christine dit comment elle se mit à l'étude

" Ainsi, étant naturellement parvenue à l'âge de la connaissance, regardant derrière moi les événements passés et devant moi la fin de toutes choses, de même qu'un homme qui vient de passer par une voie périlleuse se retourne et regarde le passage avec étonnement, se disant qu'il n'y entrera plus et qu'il s'en tiendra à un meilleur chemin, considérant le monde tout plein de pièges périlleux, et me disant que quel que soit le but qu'on se donne, le seul bien est la voie de la vérité, je me dirigeai vers le chemin où me portent ma nature et mon thème astral, à savoir l'amour de l'étude. Alors, je fermai mes portes, c'est-à-dire mes sens, pour qu'ils ne se laissent plus égarer par les choses du dehors, et je vous happai ces beaux livres et volumes, disant que je récupérerais au moins quelque chose de mes pertes passées. Je n'eus pas la présomption de m'engager dans les profondeurs des sciences obscures, formulées en des termes que je n'aurais pas su comprendre : comme le dit Caton, " lire sans comprendre n'est pas lire ". Mais comme l'enfant que l'on met d'abord à l'abc, je me mis aux histoires anciennes des commencements du monde, les histoires des Hébreux, des Assyriens, des origines des royaumes, passant de l'un à l'autre, descendant jusqu'aux Romains, celles des Français, des Bretons, et lisant plusieurs autres historiographes. Je me mis ensuite aux exposés des sciences, selon ce que je pus en comprendre pendant le temps que je passai à leur étude.
" Puis je me mis aux livres des poètes ; et comme mes connaissances s'amélioraient de plus en plus, je fus bien aise lorsque j'eus trouvé le style qui m'est naturel, prenant plaisir à la subtilité de leur langage figuré, aux belles idées cachées sous de plaisantes fictions morales, au beau style de leurs vers et de leur prose, développés à l'aide d'une belle rhétorique élégante, ornée d'un langage subtil et de proverbes hors du commun ; et pour cette connaissance de la poésie, Nature, se réjouissant en moi, me dit : "Ma fille, réjouis-toi puisque tu as effectivement réalisé le désir que je te donne, en continuant ainsi toujours de vaquer à tes études, et en comprenant de mieux en mieux les significations.' Mais cela ne suffit pas pour autant à mon intelligence et à mon esprit ; elle voulut que naquissent de moi de nouveaux livres, engendrés par mes études et par ce que j'avais vu. Elle me dit alors : "Prends les outils et frappe sur l'enclume la matière que je te donnerai, et qui sera aussi solide que le fer : ni le feu ni rien d'autre ne pourront la détruire ; et forges-en des choses agréables. Au temps où tu portais tes enfants dans ton ventre, tu ressentais une grande douleur lors de l'enfantement. Je veux maintenant que naissent de toi de nouveaux volumes, qui dans les temps à venir et perpétuellement présenteront ta mémoire dans le monde, devant les princes et en tous les endroits de l'univers ; tu les enfanteras de ta mémoire dans la joie et le plaisir, malgré le travail et la douleur ; et de même que la femme qui a enfanté oublie son mal dès qu'elle a entendu le cri de son enfant, tu oublieras la souffrance du travail en entendant la voix de tes volumes.' Alors, je me mis à forger de jolies choses, plus légères au commencement, et tout comme l'ouvrier qui devient de plus en plus subtil dans ses œuvres à force de les pratiquer, en continuant toujours à étudier diverses matières, mon intelligence s'imprégnait de plus en plus de choses nouvelles, et mon style s'améliorait, gagnant en subtilité et touchant de plus hautes matières, depuis l'an mille trois cent quatre-vingt-dix-neuf où je commençai, jusqu'en cette année mille quatre cent cinq où je ne cesse de continuer ; j'ai compilé pendant ce temps quinze volumes principaux, sans compter les autres petits poèmes séparés, et l'ensemble remplit environ soixante-dix cahiers de grand format, comme on peut le vérifier. Cela ne mérite pas de grande louange, car il y a là peu de finesse ; et Dieu sait que je ne le dis pas pour me vanter, mais pour continuer la suite de mes bonnes et mauvaises aventures. "

Christine de Pizan, La Vision de Christine


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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Bouquins
Auteur(s) Danielle Régnier-Bohler
Parution 07/09/2006
Nb. de pages 1056
Format 13.4 x 19.7
Couverture Broché
Poids 640g
EAN13 9782221068274

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