Zao Wou-Ki

Depuis sa Chine natale, qu'il quitte à la fin des années 1940, et jusqu'au Paris rêvé, celui du quartier Montparnasse où vivent tant de peintres, l'itinéraire de Zao Wou-Ki est d'abord marqué par le refus de l'académisme, dont il fut pourtant un brillant élève. Admis à quatorze ans à l'école des beaux-arts de Hangzhou, il n'aura de cesse, dans son pays puis à son arrivée en France, de quitter le moule de sa formation, s'inspirant de Cézanne, Picasso et Matisse. Le peintre cherche alors la forme qui est la sienne, aidé en cela par l'oeuvre de Paul Klee, mais aussi par Henri Michaux, qui établissent un pont entre ses origines et sa nouvelle existence. Zao Wou-Ki est plein de Chine, et plein aussi de l'art occidental, son univers est celui d'un homme issu de deux traditions. En 1954, le choix de l'abstraction donne naissance à un artiste singulier, qui n'est plus désormais écartelé entre son héritage culturel et sa peinture. Sur des toiles aux dimensions de plus en plus gigantesques, la couleur paraît tout emporter, tantôt déployée avec faste et tantôt économisée comme un remords. Il peint "ce qu'on peut comprendre sans pouvoir le voir", n'hésitant plus à retourner à l'encre, il peint le silence, le noir et le blanc, le plein et le vide. Aujourd'hui reconnu internationalement, Zao Wou-Ki poursuit sa recherche, dans une créativité constante. Les textes présentés dans cet ouvrage sont extraits d'Autoportrait publié par Zao Wou-Ki et Françoise Marquet en 1993, d'un entretien avec Michel Ragon (1994) et d'un autre avec Pierre Schneider dans la série des Dialogues du Louvre (1967).