Été 1914. L’attentat de Sarajevo met un coup d’arrêt brutal aux flamboyantes
mondanités de la Belle Époque. Déchirées par les séparations qu’occasionne
la mobilisation, ouvrant pour certaines leurs châteaux aux blessés militaires
et aux réfugiés, poussées parfois sur les routes par l’avancée allemande,
baronnes, marquises, duchesses, princesses, comtesses et vicomtesses
ne sont pas toutes épargnées par les pillages et les bombardements. En
l’absence des hommes, il leur faut aussi assumer la gestion des patrimoines
et entretenir les réseaux d’influence.
Si d’aucunes trouvent espérance et consolation dans leur foi et leur
patriotisme, nombre d’entre elles tiennent le « front intérieur » et, en sus de
soutenir leurs proches enrégimentés, s’engagent auprès des soldats et des
victimes civiles, au sein de la Croix-Rouge ou au travers d’oeuvres de guerre,
tandis que d’autres résistent à l’occupant en zone envahie.
Pour la plupart, l’essentiel reste néanmoins de maintenir leur rang, fragilisé
par une hécatombe qui a décimé leurs fils et époux, mené certaines au bord
de la ruine et conduit d’autres à la mésalliance.
Fort d’une immense masse d’archives (correspondances, journaux intimes,
chroniques mondaines...), Bertrand Goujon retrace des trajectoires
individuelles et collectives au sein d’un groupe social jusqu’à présent
négligé, apportant une contribution essentielle à l’histoire des femmes dans
la Grande Guerre.
Bertrand Goujon est maître de conférences HDR en histoire contemporaine à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Il a notamment publié Du sang bleu dans les tranchées. Expériences militaires de nobles français durant la Grande Guerre (Vendémiaire, 2015) et Les Arenberg. Le gotha à l’heure des nations, 1820-1919 (PUF, 2017)