
Pour la science N°283 Mai 2001
Le relief des continents
Revue
Résumé
Il y a quelques jours un homme de ma connaissance me dit : "Venez entendre une défense de thèse à la Sorbonne. Les professeurs y sont les maîtres de la pensée, les pourfendeurs de l'ignorance, les colonnes tutélaires de la rigueur.". J'accourus.
En Perse, nous sommes incroyablement ignorants des moeurs post-modernes! Aussi ne savais je pas que la pratique universitaire de l'astrologie, autrefois interdite par Colbert, pouvait, dans la vieille Sorbonne, devenir licite quand elle était mâtinée de sociologie. J'en fus instruit. Je pénétrai dans la salle Liard. Le goût pour les arts, personnifié au fond de la salle par un sévère portrait de Richelieu, était associé au talent, représenté par Corneille et Molière, de part et d'autre de la porte. Au centre, en symbiose, siégeait la candidate dont la réputation astrologique n'est plus à magnifier. En face d'elle trônait un jury dont la curiosité pour l'argumentation de la postulante avait été, on m'en assura, aiguisée par la lecture attentive des 900 pages de la somme. On m'avait, en Perse, enseigné que les fulgurances de la pensée s'exprimaient en termes concis, mais je fus détrompé: l'on travaillait à Paris dans le quantitatif et parmi l'abondance des citations d'une thèse, on m'assura qu'il devait s'en trouver de pertinentes. J'en convins très volontiers, quoique...
... quoique la cavalcade intellectuelle de la candidate m'essoufflait et j'avais quelques troubles à comprendre comment les incertitudes quantiques, au sens de David Bohm, éclairaient les perceptions sociales de l'astrologie. Ces lucidités m'étaient interdites, comme bien d'autres évocations d'un discours où une citation chassait l'autre, où toutes se couraient après. Et je m'émerveillai de la communion de pensée entre le jury et la candidate. Mais j'avais tort de m'étonner : l'examen circonstancié de centaines de références bibliographiques crée quelques connivences ambiguës.
Selon la tradition, lors du quolibet, quelques voix se firent entendre. Des fâcheux, m'expliqua-t-on, qui prétendaient que tout ce discours sur l'astrologie n'était que souffle d'Éole. Un irascible osa affirmer que le roi est nu quand, depuis 35 siècles, nul ne voit ses vêtements. On m'expliqua qu'il n'était point bon d'être tant impatient.
Et surtout je compris que, comme les décorations en Perse, certaines thèses d'État de la Sorbonne ne témoignent plus du mérite scientifique : elles récompensent une réussite médiatique, donc sociale, donc sociologique.
Sommaire
- Bloc-notes
- Sciences et économie
- Tribune des lecteurs
- Science et gastronomie
- Point de vue
- Présence de l'histoire
- Perspectives scientifiques
- Visions mathématiques
- Logique et calcul
- Art et science
- Idée de physique
- Analyses de livres
- La détection des étoiles par interférométrie
- L'hôpital Laennec : 400 ans d'histoire de la médecine
- Les diodes éclairent le futur
- Richesses, pauvreté et contraintes géographiques
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Belin |
Auteur(s) | Revue |
Parution | 01/05/2001 |
Nb. de pages | 114 |
Format | 21 x 28 |
Couverture | Agrafé |
Poids | 260g |
Intérieur | Quadri |
EAN13 | 0000000206860 |
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