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La lettre de flora
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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La lettre de flora

La lettre de flora

Fred Paronuzzi

132 pages, parution le 08/02/2007

Résumé

Depuis qu'il a subi, sans réagir, une violente agression dans le bus qu'il conduisait, la vie de Matteo a basculé. Il boit trop et détruit, lentement mais sûrement, ce à quoi il tient le plus : l'amour de sa femme et de sa petite fille. Mais, ce matin-là, il reçoit une lettre qui le touche au cœur, lui que plus grand-chose ne touche : là-bas, en Italie, sa tante Flora est en train de mourir. Ici, de l'autre côté des Alpes, il n'est plus bon à rien, ni à personne. Alors Matteo décide d'aller voir une dernière fois zia Flora. Et reprend, seul, la route de son village natal, vers le seul souvenir tendre de son enfance - la meilleure part de lui-même. Au bout de ce voyage, la femme si discrète qui s'est sacrifiée pour qu'il ait une vie meilleure lui révélera son douloureux secret et ce sera comme une renaissance. Fred Paronuzzi aime donner la parole à ceux que l'on n'a pas l'habitude d'entendre, à ceux qui, à première vue, mènent une existence anodine. Son écriture sobre et précise déjoue avec délicatesse et authenticité les pièges du mélo pour frapper au plus juste des sentiments et donner toute leur force aux liens entre les personnages. Après des débuts remarqués, l'auteur du cocasse et tendre 10 ans ¾ confirme ses promesses avec ce roman très court, tendu, où derrière la pudeur des mots affleure une émotion brute, à l'image du personnage de Flora : "pas du genre à se répandre" mais terriblement attachant.

L'auteur - Fred Paronuzzi

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Sommaire

Quand il regagnait l'appartement, son père dormait déjà. On l'entendait ronfler depuis la cuisine où sa mère cousait, des épingles entre les lèvres.
Agitée. Coupable. Toujours agitée et coupable, après.
Il repoussait d'un geste brusque la main tendue vers lui. Les mots se brisaient sur son mutisme têtu.
"Tuo padre è cosi stanco, Matteo... ti ama, e anch'io ti amo..."
Il regardait droit devant, battant la mesure d'un pied nerveux.
C'était pas ça, aimer. Aimer, c'était pas seulement quand ça arrangeait, pas seulement quand c'était facile !
Il mangeait, les lèvres saisies d'un frisson devant la cuiller de minestrone. Sachant bien qu'elle aurait le dessus, au final, et qu'il pardonnerait. Demain. Au plus tard demain. Jusqu'à la prochaine fois. Jusqu'à la prochaine lâcheté.

Au lit, Matteo n'éteignait pas. Il savait d'expérience que le sommeil tarderait à le prendre en raison de ce goût âcre dans l'arrière-gorge, comme du vomi.
De sous le lit, alors, il exhumait son Italie, son trésor, son autel, un royaume enfantin qui tenait dans une boîte de chocolats en carton épais, au décor kitsch de roses et de cœurs enlacés, pleine de lettres et de cartes.

Son Italie dérisoire et parfaite, dont l'âme était zia Flora.

L'Italia, finalmente l'Italia.

À son anniversaire, à la Noël, parfois sans raison particulière, zia Flora lui adressait des lettres et des cartes dont sa mère lui faisait la lecture.
Il écoutait le souffle court ces paroles rédigées pour lui seul, caressantes, câlines, et qui chuchotaient à l'oreille.
Elle avait hâte de le connaître, écrivait-elle, de le serrer sur son cœur.
Un cadeau accompagnait l'envoi : un habit cousu main, un mandat en lires – des sommes prodigieuses, qui réduisaient comme peau de chagrin lorsqu'à la Caisse d'Épargne le guichetier les convertissait en francs.
Pour remercier, Matteo renvoyait un dessin au feutre dont les couleurs débordaient : une bicoque maladroite surmontée d'un panache de fumée, une montagne, un arbre vert, le soleil qui sourit et deux personnages : Tatie et moi.
Tatie et moi, toujours.
Dans un carnet, derrière une fine bandelette transparente, il archivait les timbres d'Italie.
[...]
Une clef fourrage dans la serrure de l'entrée et son regard se porte vers l'horloge, à droite du vaisselier.
Si tôt.
Sabine soupire. Il était chouette, ce moment juste pour elle.
Elle l'entend qui se déchausse, prenant appui du plat de la main sur le mur, les jambes molles, se traîne au lavabo des toilettes où il laisse l'eau fraîche ruisseler sur son visage aux traits tendus, s'ébroue puis s'applique de grandes claques.
Un effort dont il se dispense quand il revient ivre en plein cœur de la nuit, se heurte aux meubles en maugréant alors que sa fille, à quelques mètres, mordille dans son rêve enfantin le coin d'un oreiller.

Il entre dans la cuisine.
Du bout des lèvres, ils troquent un bonsoir indifférent, ne rendent plus jamais compte de leurs journées : celles de Matteo se ressemblent toutes et ce que fait Sabine ne regarde qu'elle.
Elle et Léa.
Matteo dormait, lourd, ce matin quand elles sont parties. Juste assez de vigueur pour soulever la tête, groggy, avant de s'abattre à nouveau contre l'accoudoir rembourré sur lequel il avait bavé dans son sommeil.
Il les a ratées.
Il les rate presque chaque fois.

À présent, Léa est dans son bain.
La petiote édifie des histoires avec de l'eau, de la mousse vaporeuse et le flacon vide du shampooing au jojoba.
Qui crie pshouit ! quand on lui appuie dessus.
Matteo s'assoit, le visage tourné vers le couloir d'où lui parvient la voix flûtée de sa fille, petite musique pas prétentieuse, deux trois notes élémentaires, câlines et singulièrement nostalgiques.
Qui l'apaisaient, autrefois, mais font mal aujourd'hui, lui rappellent qu'il a bousillé ça, aussi – lui et Léa.
Ses lèvres tressaillent.
Sabine scrute la nuque brune, les deux sillons parallèles, devine les traits amochés par l'alcool et les pensées plus lourdes que des pierres.
Sabine le regarde et ne parvient pas à se décider.
Faut-il qu'elle lui parle de la lettre ? De Flora ? Lui dire qu'elle sait, qu'elle est désolée, que...
Que quoi ?
À peine ébauché, le dialogue s'étiole et meurt.

Le micro-ondes sonne trois coups. Matteo se retourne lentement. Leurs mains s'effleurent lorsqu'elle lui tend son assiette, et c'est terrible cette gêne pour un frôlement.
Comment c'est possible entre eux, qui ont pris tant de plaisir à se toucher ?
Avant.

Avant l'agression, la mort du père.
Avant que Matteo décline son reclassement dans l'équipe en charge des abribus puis perde son emploi, sans réagir, avant que le prenne la lubie de rejoindre chaque jour cette foutue salle de boxe où il n'avait plus mis les pieds depuis des lustres.
Avant qu'il commence à boire.


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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Fred Paronuzzi
Parution 08/02/2007
Nb. de pages 132
Format 13.6 x 21.6
Couverture Broché
Poids 189g
EAN13 9782221106631

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