Science, technique et société : de quoi sommes-nous responsables ?

Les sciences et des techniques concernent à présent tous les secteurs de la vie sociale, la production et la consommation des biens de tous ordres, l'information et la communication, l'éducation et la santé, la défense, les sports... Or, il semble bien que c'est leur fantastique succès et le surcroît de pouvoir qu'elles procurent qui fait problème aujourd'hui. Les thèmes prométhéens et même faustiens qui animaient les romans de Jules Verne sont incarnés aujourd'hui d'une manière très concrète : énergie nucléaire, informatique, nanotechnologies, thérapies géniques... de sorte que la question de la transgression se pose sans cesse, sans que l'on puisse d'ailleurs localiser précisément les limites à ne pas dépasser. Condorcet réclamait déjà une régulation éthique et politique de la recherche scientifique que l'on ne devait pas laisser à son accroissement mécanique. Les barbaries du XXe siècle ont consacré le divorce du rationnel et du raisonnable, du vrai et du bien et mis en péril l'idée de progrès issue des Lumières. Elles ont définitivement ruiné celle de la neutralité du développement scientifique et technologique comme celle de l'affinité naturelle entre science et démocratie. Jules Verne, quant à lui, avait bien anticipé l'alliance du pouvoir, de l'argent et des media dans la techno-science moderne. Et le "catastrophisme éclairé", pour reprendre l'expression de Jean-Pierre Dupuy, de nombre de ces romans trouve un écho favorable dans les nouveaux paradigmes de développement qui surgissent aujourd'hui : modèles de décroissance, développement durable... C'est pourquoi la définition des politiques de recherche, qui obéissait jadis à des orientations purement technocratiques, a désormais envahi le débat public lorsque des scientifiques ont décidé d'assumer leurs responsabilités devant les conséquences possibles de leurs travaux. Dans ce contexte, les Rencontres internationales Jules Verne informent l'opinion publique, permettent d'éclairer le jugement du citoyen, en lui fournissant les moyens de distinguer ce qui relève de la prudence la plus élémentaire et ce qui a trait à des peurs irrationnelles.