
Atlantique face nord première féminine à la rame
Maud Fontenoy
Résumé
À vingt-cinq ans, elle est la première femme à réussir la traversée de l'Atlantique à la rame.
Six hommes avaient déjà réussi la traversée de l'Atlantique nord à la rame. Maud Fontenoy avait envie de prouver qu'une femme, tout aussi jeune et petits bras qu'elle puisse être, pouvait tenter de relever un pareil défi et de le réussir. "Je voulais le faire pour moi, c'était un défi personnel, une envie de m'accomplir. J'avais besoin de me retrouver seule, proche de l'océan et de repousser mes limites."Du départ dans la brume glacée et les icebergs des bancs de Terre-Neuve à l'énorme tempête qui la fera chavirer dix-sept fois en une seule nuit, des problèmes techniques qui endommagent son déssalinisateur et l'obligent pendant une semaine à boire de l'eau de mer, aux vents et courants contraires qui la font reculer pendant un mois et demi... Maud a tenu bon malgré la peur, la solitude, le froid, la faim et la soif. Elle a vécu aussi des moments de bonheur et d'émotion intenses, comme ses rencontres avec des dauphins et des baleines, mais aussi avec des pêcheurs canadiens ébahis ou, en plein milieu de l'océan, du navigateur Roland Jourdain qui la dépanne en eau potable... Un récit sobre et maîtrisé, par une jeune femme étonnamment mature.
Sommaire
"Je t'en prie, Pilot, ne me laisse pas tomber, accroche-toi, j'ai besoin de toi, on n'est plus que tous les deux maintenant, il faut qu'on y arrive."Recroquevillée à l'arrière de mon minuscule habitacle, j'ai la tête qui cogne d'un coté et de l'autre. Pilot, abandonné à un océan en colère, est violemment roulé par les flots. Enseveli toutes les dix minutes par des vagues qui déferlent sur lui, il semble faire le gros dos et retenir son souffle.L'estomac à l'envers, malade jusqu'au plus profond de mon être, trempée, pleurant de douleur et de panique, je le supplie d'une voix rauque:"Emmène-moi loin d'ici, tire-moi de cette galère, je t'en prie, je n'en peux plus de ce bruit assourdissant. Pourquoi cela résonne-t-il ainsi? Pourquoi est-ce que l'océan s'acharne à taper aussi fort? Tu ne vas pas craquer, hein Pilot, tu tiens bon?"Une maudite migraine me bourdonne dans la tête, l'oxygène manque dans mon mètre cube d'espace de vie. J'ai l'impression d'avoir les tempes prises entre les monstrueuses mâchoires d'un étau. "Qu'est-ce que je fais là? Qu'est-ce que je fais toute seule enfermée dans cette cage humide à l'air suffocant?" Transie de froid, tremblante de peur, je me roule sur moi-même, je cherche à me rassurer, à me protéger des prochains coups. La tête appuyée contre mon duvet, ramassée en boule, je tente de me caler pour moins souffrir. Pilot tombe de la crête au creux des vagues en sursautant. Dans un sanglot, il lâche en tremblant: "Ça ne devait pas être comme ça, pas dès le début, je ne tiendrai jamais trois mois dans ces conditions."Il se vrille de plus belle, ça grince de partout, la mer cogne et recogne contre la fine paroi, nous sommes devenus un jouet d'enfant, secoué dans tous les sens. Impossible de prévoir le prochain assaut. Cela fait maintenant cinq heures que cela dure et toujours impossible de respirer, une main sur le hublot pour laisser passer un filet d'air de temps à autre, le seau pour vomir tenu de l'autre côté, l'océan ne nous laisse pas une minute de répit. Une énorme déferlante arrive sur bâbord, Pilot se couche d'un seul coup, tout bascule, je n'ai pas le temps de m'agripper, ma tête vient heurter la bulle en plexiglas, le choc m'assomme à moitié, l'eau glacée rentre par le hublot, ça fuit de partout, ma veste de quart baigne dans ce jus mi-eau de mer mi-vomi. Pilot semble défaillir. Puis, en une seconde, c'est l'horreur, mon premier chavirage, tout se passe très vite. Je n'ai qu'une seule chose en tête: survivre. Je me précipite pour refermer le hublot à toute vitesse afin que l'eau ne s'engouffre pas, je ne veux pas couler. Pilot fait un tour sur lui-même. J'ai l'impression que c'est la fin du monde. Il fait si noir, je ferme les yeux, m'agrippe à une grosse poignée le long de ma couchette. On reste à l'envers quelques secondes interminables, une nouvelle vague et nous nous remettons d'aplomb, je retombe de l'autre côté, je crois que je me suis foulé le poignet. "Emmène-moi loin d'ici, Pilot, je t'en supplie, je n'en peux plus, je ne veux pas mourir-là, comme ça."Les larmes me submergent à nouveau. J'ai mal partout. Je ne peux pas croire à ce qui m'arrive. La cabine est pleine d'un mélange infect dans lequel trempent mes vêtements, et moi je suis là, abattue, tremblante, le côté droit du visage gonflé par le choc que je viens de recevoir, glacée, l'esprit vidé. L'impression horrible de n'être plus qu'une bête, qu'un animal souillé, qu'on vient de jeter dans sa cage après l'avoir forcé au combat. Anéantie, je me balance d'avant en arrière, comme pour me bercer, pour me calmer. J'ai une terrible envie de me blottir contre quelqu'un. J'aimerais tellement m'endormir, dormir, oublier tout ça et me réveiller ailleurs. Alors je fais comme si je n'étais pas toute seule, j'imagine une présence qui pourrait m'aider dans cette nuit sombre vers laquelle nous nous engouffrons Pilot et moi. Je me caresse les cheveux pour me rassurer, comme si c'était une main extérieure qui m'effleurait.
Caractéristiques techniques
PAPIER | |
Éditeur(s) | Robert Laffont |
Auteur(s) | Maud Fontenoy |
Parution | 18/03/2004 |
Nb. de pages | 172 |
Format | 13.7 x 21.7 |
Couverture | Broché |
Poids | 231g |
EAN13 | 9782221101957 |
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