Résumé
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est quasiment impossible d'accéder à la magistrature
suprême d'une grande nation comme la France, après avoir fait le choix délibéré,
mais combien suicidaire, de développer un discours éternellement haineux et d'en faire
une panacée politique. Un qui a des chances de l'apprendre bientôt à ses dépens, s'appelle
bien Éric Zemmour. Cet ancien chroniqueur et éditorialiste dans nombre de journaux
ou chaînes de télévision et de radiodiffusion de France, saute carrément à pieds
joints et agit comme un homme politique qui, en âme et conscience, « choisit le chemin le
plus susceptible de le perdre ». Peut-on gouverner en nourrissant tant de rage envers des
hommes dont le crime est de se retrouver en France, pays qui revendique, à juste titre,
le statut de terre des libertés et des droits de l'homme ? Rien n'est moins sûr. Chaque
fois qu'on a vu Éric Zemmour ouvrir la bouche pour parler des autres et, singulièrement
des immigrés, au nombre desquels les Africains et les musulmans, ses propos ont pué
la haine, la méchanceté et la provocation à outrance. À se demander s'il n'existe politiquement
qu'en détruisant les autres et en médisant d'eux. Les immigrés, qu'ils soient ou
non des musulmans et des Africains dans leur grand ensemble, ont toujours été dans
son collimateur.
De l'Afrique et des Africains, Éric Zemmour se moque comme de l'an 1870, année où
fut signé le décret Crémieux dont bénéficièrent ses grands-parents paternels pour se
retrouver en métropole en 1952. Des immigrés, ce fils d'immigrés se moque comme
de la première couche qu'on lui fit porter à sa naissance en France, le 31 août 1958.
Éric Zemmour, à l'heure qu'il est, a délibérément fait le choix d'être amnésique. De ses
origines, il n'a cure et ne daigne même pas avoir souvenance de là où il est parti pour
être aujourd'hui le candidat à l'élection présidentielle en France. « Mal lui en prendra à
jamais » parce que les faits sont têtus et sacrés. Ces faits, qu'on le veuille ou non, qu'ils
nous plaisent ou pas, rappelleront à la conscience collective et à la postérité qu'Éric
Zemmour est petit-fils d'immigrés juifs d'Algérie, dont les grands-parents paternels ont
profité d'un décret pour voir le cours de leur vie changer en leur faveur. Et, tout compte
fait, Éric Zemmour, à l'heure qu'il est, tire tranquillement les marrons du feu. Il en profite
tellement qu'il a fini par perdre de vue que le bonheur dans lequel il nage depuis qu'il
a poussé, en France, ses premiers cris, est la conséquence d'un fait historique dont des
millions d'autres personnes ont su tirer avantage pour voir leurs destins basculer