Et si l'afrique choisissait le développement ?

Le livre appelle à moins de passion et plus de raison, car affirmer que l’Afrique « est bien partie » (allusion au livre de René Dumont de 1962), comme le fait une certaine presse et les réseaux sociaux, est en réalité une « fake news » qui fait la une et pollue l’information. S’il est vrai que la croissance en Afrique subsaharienne a été particulièrement forte entre 2002 et 2012 (mais s’est effondrée depuis), on ne peut pas affirmer qu’elle soit endogène, car elle est repose principalement sur une embellie des cours des matières premières (qui échappent à son contrôle), et en particulier des hydrocarbures, de telle sorte que les termes de l’échange ont pu s’améliorer de 60 % pendant la décennie.
Cette croissance tient aussi à la réussite des PAS (Prêts d’ajustement structurel) et de l’IPPTE (Initiative en faveur des pays pauvres très endettés) et, surtout, à la fin des nombreux conflits (comme en Côte d’Ivoire, au Rwanda ou en Éthiopie), de sorte que l’on peut constater une phase positive de croissance mais pas un véritable « take off ».
L’essai ne se veut pas pour autant afro-pessimiste, mais s’appuie sur un réalisme factuel et énumère les différents obstacles à un véritable décollage, qu’ils soient économiques, sociologiques ou démographiques, car l’auteur est certain que l’Afrique sortira bientôt de sa torpeur, du moins si elle le souhaite…
Georges Van Heuven a également publié chez Persée en 2015 « Et si l’immigration n’était pas la solution », s’appuyant sur une solide connaissance théorique et une longue expérience en Afrique. Après être sorti major de sa promotion, il a en effet d’abord enseigné pendant vingt ans l’économie axée sur les statistiques et l’économétrie. Il fut ensuite consultant international pendant plus de trente ans pour de nombreux bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque mondiale, FED, BAFD…), ce qui lui a permis d’étudier sur le terrain le financement et la réalisation de nombreux projets d’infrastructure en dirigeant des équipes multidisciplinaires. Il a aussi tissé de nombreux liens avec les responsables d’une vingtaine de pays d’Afrique lui permettant de mieux cerner leurs motivations.
La « solution africaine » nécessite un changement de paradigme : changer le rapport avec le temps, se projeter dans l’avenir et rejeter le déterminisme ancestral, s’éloigner des liens ethniques pour construire des structures régionales solides et intégrées, arrêter les conflits et n’accepter que la « bonne gouvernance ».
Les propos sont libres et originaux et vont surprendre…