Les spasmes des empires

Le système international a été dominé par les États-Unis depuis 1991, c'est-à-dire depuis la disparition de l'Union soviétique, la guerre du Golfe puis l'intervention en Afghanistan, tandis que s'était maintenue entre les puissances une certaine coopération, notamment dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU ou dans des formats appropriés pour traiter de questions spécifiques et importantes, tel le programme nucléaire iranien. Le système international est par définition évolutif et ne se stabilise, quand il y parvient, que pour des périodes limitées dans le temps à l'échelle de l'histoire. La guerre en Ukraine, quelles que soient les modalités de sortie de crise, pourrait bien consacrer la transformation d'un système qui est d'ores et déjà caractérisé par l'émergence de nouveaux pôles de puissance. Le centre de gravité du monde se déplace à l'évidence, en particulier sur le plan économique, vers l'Asie. Le Grand Jeu du XIXe siècle était caractérisé en Asie centrale par l'opposition des empires russe et britannique. De nouvelles compétitions, sur toile de fond de l'affirmation de la Chine comme potentielle première puissance économique du monde, se développeront de nouveau dans cette zone et aussi au-delà. Les grands ensembles du monde, notamment les États-Unis et l'Europe, ne pourront pas s'en désintéresser. Les Spasmes des Empires procèdera ainsi à une radiographie des années Poutine, après l'échec de Gorbatchev qui avait essayé de sauver un système en l'adaptant et en le transformant. Il s'efforcera de tracer les contours d'une sortie de la guerre en Ukraine, au-delà des tendances actuelles à la reconstitution des blocs hérités de la guerre froide, l'alliance AUKUS dans la zone Indo-Pacifique en étant une illustration. La volatilité et la complexité du nouveau jeu des puissances se manifestent d'ores et déjà en Asie centrale, zone d'influence russe encore préservée et aussi champ privilégié de mise en oeuvre du projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie lancé il y a dix ans désormais. La recomposition du monde est en cours et en voie d'accélération. Elle affectera aussi les sociétés sur le plan interne. La plupart des sociétés du monde que l'on appelle « nouveau » sont en ébullition. Les démocraties sont parfois au défi à l'Ouest, alors que la défiance du peuple à l'égard des institutions représentatives peut y être forte. Les Églises sont parfois contestées ou désertées mais la spiritualité peut y prendre de nouvelles formes. Des sociétés plus traditionnelles se fissurent et le cas de la théocratie iranienne l'atteste où une révolte sans précédent pour la liberté y a éclaté. Mais les Spasmes des Empires ne doivent pas dissimuler de nouveaux horizons à la fois menaçants et grandioses. D'importants défis devront être surmontés, celui de l'environnement, du climat ou encore de la prolifération nucléaire. Telle sera la feuille de route de l'Europe si elle veut véritablement exister dans ce monde nouveau. « Les Spasmes des Empires » fournit des clés pour une meilleure compréhension des évolutions internationales en cours qui affectent la vie de chacun.